Sauf mention spéciale et à l'image des autres types d'appareils décrits sur ce site, ne sont traitées dans ce chapitre que les versions du Mi-8 ayant été en service avec le Groupe des Forces Soviétiques en Allemagne.
Un Mi-8T survole une colonne blindée est-allemande composée de chars T-55 et de transporteurs de troupes BTR-60 en route vers l'Elbe en 1980. © DR. Les "Hip" de transport et d'assaut> Mi-8T / Mi-8TV (1968)
Un réservoir supplémentaire de 915 litres monté dans la soute d'un Mi-8MT basé à Oranienburg. © H.Mambour. Alternativement, un véhicule léger ou un canon étaient susceptibles d'être embarqués. La capacité d'emport maximale avec les réservoirs pleins était de quatre tonnes. Celle-ci était limitée à 2,5 tonnes sous élingues, un crochet DG-64 permettant de supporter un véhicule léger ou un canon. Les réservoirs de carburant principaux qui étaient montés de part et d'autre du fuselage étaient disponibles en deux capacités différentes : 745 ou 1140 litres à gauche et 680 ou 1030 litres à droite. La différence de capacité entre les réservoirs gauches et droits était due à la présence d'une unité de chauffage KO-50 fonctionnant au kérosène installée devant les réservoirs droits, reconnaissable à sa prise d'air frontale. De plus, un réservoir tampon était monté au-dessus de la soute, derrière les moteurs. C'était le point de passage obligé du carburant pour assurer une bonne alimentation des moteurs. Une capacité de 445 litres est généralement mentionnée pour ce réservoir. Cependant, une notice technique ancienne donne seulement 346 litres pour les Mi-8T et Mi-8P. Ces données restent donc incertaines. Nous n'avons pas trouvé de photos montrant un Mi-8T ou TV équipé de gros réservoirs. Tel n'est pas le cas des Mi-8S et PS, de certains modèles de commandement ou de guerre électronique et de certains Mi-8MT.
Un treuil LPG-2 étant capable de soulever une charge de 150kg était monté au-dessus de la porte latérale à l'avant-gauche. Ce treuil pouvait également déployer un câble qui
débouchait sous le ventre de l'hélicoptère, au même niveau que le crochet DG-64. Il était alors utilisé afin d'amener les élingues vers le crochet
(cliquer sur la photo ci-contre à gauche pour un schéma et davantage d'explications).
Le LPG-150 était un autre modèle de treuil aux caractéristiques légèrement différentes mais dont la capacité de support était identique.
On reconnaissait ce dernier au petit carénage aérodynamique qui le coiffait. Certains hélicoptères étaient équipés de lampes FR-100 montées dans les carénages du train principal,
afin de faciliter les opérations de transport sous élingues nocturnes. Les Mi-8TV (TV pour Transportniy Vooroujeniy - Transport Armé / soit "TB" en caractères cyrilliques, ce qui conduira à de nombreuses confusions non seulement en Occident mais également à l'Est !) "Hip-C" originaux (1968), dont la fonction première était le transport de troupes tout en disposant d'une capacité offensive limitée, pouvaient accommoder deux fois deux râteliers externes latéraux démontables capables d'emporter quatre bombes (de 50 à 500kg) ou quatre conteneurs lance-roquettes UB-16-57U (de 16 roquettes KARS-57 (S-5) de 57 mm chacun) pour un poids maximum de 1000 kilos. Les roquettes S-5 pouvaient avoir une tête explosive classique, une charge creuse ou une charge creuse avec éclats. Signalons au passage que la cellule du Mi-8T de transport non armé, qu'elle soit civile ou militaire, recevait sur la chaîne de production les points d'ancrage nécessaires pour les râteliers d'armement (ou d'autres équipements comme des réservoirs externes).
Un viseur optique périscopique rétractable de bombardement OPB-1R était monté du côté droit du nez,
à l'avant-droit du siège copilote - son logement circulaire est visible sur les photos
montrant le dessous du fuselage. Certaines machines (étaient-elles issues des premiers lots de production ?) ne disposaient pas de ce viseur et par conséquent,
il n'y avait pas de logement circulaire.
Cependant, le copilote était susceptible de recourir à une mire rudimentaire à poser sur le parebrise pour le bombardement
à basse altitude. Le pilote avait quant à lui à sa disposition un collimateur PKV lui permettant de tirer les roquettes S-5.
De plus, il y avait un support derrière chaque hublot pouvant s'ouvrir, afin que les fantassins embarqués puissent y appuyer une arme pour tirer en vol.
Ces modifications consistaient à ajouter des plaques de blindage externes d'une épaisseur de 5 mm sur les côtés du nez,
des lance-leurres ASO-2V sous la poutre de queue et parfois un brouilleur IR
SOEP-V1A Lipa (lire > Les Mi-24, partie 1 pour plus d'informations sur ces systèmes). Certains appareils recevaient aussi
des blocs EVU (Ejectorno-Vikhlopnogo Oustroystva - dispositif éjecteur d'échappement) de dilution des gazs d'échappement.
L'armement emporté était plus varié. Une mitrailleuse Kalachnikov PKT de 7,62 mm était montée en mentonnière, fixée sur un pivot NUV-1.
D'autre part, deux mitrailleuses PKT se fixaient au-dessus des râteliers, à raison d'une arme de chaque côté du fuselage.
De plus, il était possible de fixer deux autres mitrailleuses PKT en sabord. Une barre transversale dédiée pouvait être attachée en travers de l'ouverture de la porte latérale gauche
afin de supporter une arme. Aussi, il y avait une trappe dans la porte de soute en demi-coquille droite, derrière laquelle la possibilité de monter une arme existait.
De même, l'utilisation de lance-grenades AGS-17 montés en sabord était envisageable.
Des Spetsnaz de la 794ème Compagnie à destination spéciale (ORSN) à bord d'un Mi-8T du 336.OBVP de Nohra. © O.Kondrachov. Les parachutistes sortaient plutôt par cette porte en chute libre, ce qui n'était pas le cas quand ils sautaient comme les troupes aéroportées avec ouverture automatique du parachute via une sangle attachée à un câble fixé au plafond de la soute. Ces dernières quittaient en effet généralement l'hélicoptère par l'arrière de la soute dont les portes avaient été démontées. Deux cloisons amovibles étaient montées de part et d'autre de la soute arrière, tandis qu'un petit portique fermait l'ouverture laissée entre les deux. Outre la prévention de chutes accidentelles, ce système permettait de contrôler et de canaliser les sauts - un dispositif fort semblable se retrouvait sur d'autres appareils tels que les An-26. On notera également que les portes de soute étaient aussi parfois démontées simplement afin de permettre un débarquement rapide par l'arrière de troupes au sol.
Aménagement à 12 civières de la soute d'un Mi-8T. Les cibles potentielles des Mi-8 se présentaient essentiellement sous trois formes différentes. Il y avait les ballons espions qui en principe évoluaient à très haute altitude (en général, les hélicoptères ne montaient guère plus haut que 600 mètres pour larguer des parachutistes). Il y avait également les avions de tourisme et les planeurs ouest-allemands qui traversaient assez souvent la frontière, on l'imagine, par erreur. Enfin, il fallait surveiller les hélicoptères de l'OTAN qui patrouillaient le long ou trop près de la frontière à moins de cinq kilomètres. Valeri Belitchenko témoigne : "Les alertes de combat ont été introduites après le crise de Berlin. Je ne me souviens plus de la date exacte, peut-être 1961-62. Le 239.OGVP a assuré cette tâche jusque 1976. En été, les hélicoptères étaient déployés sur les sites radar de Grevesmühlen, Wachstedt, Geba et Hillersleben - ce dernier site n'existait pas encore pendant mon service. L'hiver, les hélicoptères opéraient depuis Parchim [la base d'attache de l'unité entre 1962 et 1977] et Nohra pendant la journée. Je suis arrivé au régiment en Décembre 1971. Mon premier tour d'alerte en tant que pilote-navigateur eut lieu durant l'été 1972 au site radar de Wachstedt. J'y suis resté 17 jours. Un équipage a porté une fois le record à 27 jours. Plus tard, les choses ont été régulées et les équipes changeaient tous les 10 jours si la météo le permettait. En 1974, le site radar de Stelzen fut ajouté à la liste. J'ai été en mission partout, sauf à Nohra. Les équipages qualifiés VFR/IFR de jour et VFR de nuit étaient assignés aux alertes. Après 1974, seuls les pilotes de première et de seconde classe furent sélectionnés pour ces missions." "Outre l'instuction et la supervision au sein du régiment, ils assuraient l'alerte de combat dans les zones des postes de commandement des Corps d'aviation (Wittenberg [61.GvIAK] et Wittstock [71.IAK]). Nous étions armés de pistolets et nous emmenions une arme automatique, mais l'hélicoptère n'était pas armé. En cas de refus, il s'agissait de forcer les intrus à atterrir en les bousculant avec le souffle du rotor (3). Sur les sites radar, il y avait un camion-groupe de démarrage, un camion-citerne, un opérateur radio et un cuisinier pour l'équipage en détachement. Un officier contrôleur de combat provenant d'un régiment d'aviation de chasse nous dirigeait, ainsi que les avions d'alerte de sa zone. Les communications avec le poste de commandement du site radar se faisaient par radio, téléphone et haut-parleurs : une longue impulsion annonçait l'état d'alerte n°1; deux courtes pour démarrer les moteurs; trois courtes pour décoller. Nous escortions des Iroquois, Kiowa et Huey Cobra le long de la frontière, mais ils ne traversaient habituellement pas celle-ci. Ce n'était pas le cas des avions de tourisme. Lors de l'été 1971, un pilote Danois ivre avec deux passagers à bord, fut forcé d'atterrir à Damgarten. L'équipage, si je me souviens bien, était composé du capitaine Petrov, commandant de bord, du lieutenant Kourylev, pilote-navigateur et du lieutenant Tel'noy, mécano navigant. Ils ont chassé l'intrus pendant longtemps au-dessus de la Baltique, avant de l'obliger à se poser. Fin 1974, l'équipage composé du capitaine N.P. Joulidov, du lieutenant A.G. Korenev, pilote-navigateur et du mécanicien navigant N.S. Polouchine, a forcé un autre appareil à se poser près du site radar de Geba, endommageant le rotor de l'hélicoptère lors d'un virage pour atterrir. Au total, les équipages du 239.OGVP ont forcé à atterrir neuf avions. Les Mi-24 prirent le relais durant l'été 1976." D'autre part, les Mi-8 chassaient parfois les cibles d'opportunité que représentaient les Missions militaires de liaison occidentales ! Bill Burhans de la USMLM nous a fourni un témoignage indirect : "Je sais qu'en au moins une occasion, l'Equipe Air (Air Team, 16è Détachement du 7113è Escadron d'activités spéciales) a été chassée de Wachstedt par un Mi-8 insistant. Nos gars durent se réfugier dans un bois pour se cacher. Je me suis toujours demandé pourquoi les hélicoptères ne furent pas utilisés plus souvent dans ce rôle afin d'aider les efforts de surveillance contre les Missions militaires occidentales." D'autres témoignages provenant des autres Missions existent, tels que celui publié par Steve Gibson (BRIXMIS) dans son ouvrage intitulé "The Last Mission," relatant sa poursuite par un Mi-8 aggressif. Les Mi-8TV du millésime 1968 étaient appelés familièrement Mi-8T en service, comme les cellules non armées. Sauf stipulation dans les textes et légendes photo et afin d'éviter la confusion avec le modèle suivant qui reprenait la même désignation "TV" - voir page suivante - cette version armée sera désignée Mi-8T sur ce site. notes
(1)
Profitons-en pour souligner que les machines produites après la chute de l'Union Soviétique portent une désignation différente, selon qu'elles ont été produites à Kazan ou à
Oulan-Oude. Ainsi, les cellules de base Mi-8T et Mi-8MT conservent leurs désignations d'origine quand elles sortent de Kazan, tandis que les appareils construits en Bouriatie
sont appelés respectivemenet Mi-8AT et Mi-8AMT.
|
||||||||||||