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Les curieux

Mi-8R Mi-8R Si, comme nous l'avons vu précédemment, certaines machines de contre-mesures électroniques comme les Mi-8MTPI pouvaient également assurer des missions de renseignement, d'autres appareils dont c'était la mission exclusive furent affectés au GFSA. Ainsi en était-il du très mystérieux Mi-8R (R pour Razvedtchik, reconnaissance) qui semble n'avoir jamais été observé que hors de l'URSS. Cet appareil qui serait entré en service au milieu des années soixante-dix, se présentait sous la forme d'une cellule de Mi-8T dépourvue de ses râteliers d'armement, mais pourvue des grands réservoirs. Le boîtier doppler DIV-1 du Mi-8T avait cédé la place à un boîtier DISS-15 plus précis, tel que monté sur les cellules Mi-8MT. Les portes de soute présentaient une importante échancrure, et pour cause !

Mi-8R Mi-8R Le Mi-8R emportait une suite ELINT R-345 "Grebechok-5" (crête de coq) (1) - on rapporte aussi la désignation Mi-8GR pour cette machine - qui mettait en oeuvre une grande antenne parabolique protégée par un carénage cylindrique à l'extrémité arrondie, montée à l'arrière de la soute (le poids total de l'installation était de 1157kg). Un convertisseur électrique PT-1000TsS, plus puissant que le PT-500Ts d'origine, assurait l'alimentation du complexe électronique. Le conteneur avec l'antenne était stocké en position verticale au repos (il dépassait très légèrement au travers de l'ouverture pratiquée dans les portes) et pivotait de 180 degrés vers le bas sous le ventre de l'hélicoptère, lors de son utilisation, sans qu'il soit nécessaire d'ouvrir les portes de soute.

Mi-8R Vue intérieure du Mi-8R n°22. On aperçoit la cloison du compartiment arrière où se trouvait l'antenne. © K.Kirill family archives

Interior view of Mi-8R n°22. One can see the bulkhead of the rear compartment where the antenna was located. © K.Kirill family archives
Mi-8R Cet aérien avait des effets pervers sur les performances de l'hélicoptère, en raison du déplacement du centre de gravité lors de son basculement et de la traînée qu'il créait, engendrant une consommation de carburant supérieure de 11 à 12% et limitant la vitesse à 120 km/h. Deux ou trois opérateurs géraient le complexe d'écoute depuis des consoles situées à droite de la soute. Il s'agissait d'officiers d'état-major, isolés de la soute arrière où se trouvait l'antenne, par une cloison avec porte et hublot. Afin de faire face au blocage éventuel de l'antenne en position sortie, les aérodromes d'attache auraient été aménagés avec une fosse de 3 mètres de profondeur pour que l'hélicoptère en difficulté puisse se poser malgré tout. Dans les cas extrêmes, l'antenne aurait été larguée grâce à des boulons explosifs. Selon le témoignage du fils d'un membre d'un équipage d'écoute, le Mi-8R était surnommé "Sloukhatch" (celui qui écoute, surveille). Ces appareils opéraient le long de la frontière interallemande - ils ont parfois été aperçus par les gardes-frontière - et, en raison de leur caractère hautement secret, ils étaient gardés au sol. Trois hélicoptères ont été identifiés en RDA. La mauvaise définition de la photo d'un autre appareil ne permet pas d'affirmer si il s'agissait d'un quatrième Mi-8R.

Mi-8R Mi-8R Ces machines étaient basées à Nohra puis Hassleben (n°22 rouge c/n 8033 - 298.OVE BU), Neuruppin puis Oranienburg (n°32 jaune c/n 8078 - 9.OVE BU) et vraisemblablement Sperenberg (n°81 jaune c/n 2822 - 113.OSAE). A ce propos, un intervenant sur un forum russe a affirmé qu'en 1980, il avait convoyé un Mi-8R de Kazan' à Sperenberg. On notera toutefois que le Mi-8R n°81 fut déjà identifié à Sperenberg en 1972. Un autre Mi-8R démantelé aurait été identifié en Russie au début des années 2000. Porteur du code "85 rouge," son numéro constructeur était 8300 (> Photo). L'historique qui figure sur le lien pré-cité indique qu'il opérait au cours des années quatre-vingt depuis la Tchécoslovaquie au sein du Groupe des Forces Centre, ce qui est somme toute très logique, puisque ce pays avait une frontière commune avec ce qui fut autrefois la RFA. Il existe une photo d'un probable Mi-8R bort nomer 85 en Tchécoslovaquie, équipé de gros réservoir et d'un boîtier doppler DISS-5, mais qui semble avoir été vidé de son électronique (> Photo). Le n°81 de Sperenberg aurait subit le même sort en 1991.

Mi-8 Mi-8 D'autres Mi-8 de renseignement électronique encore plus mystérieux ont opéré dans les cieux de la RDA. Nous ignorons tout de leur rôle ou de leur affectation. Toujours est-il que nous avons la chance d'avoir quelques photos de deux de ces appareils, qui illustrent cet article.
Pour l'anecdote, citons le témoignage du fils d'un militaire affecté à Stendal au cours des années 80. Ce dernier nous écrivais il y a quelques années, qu'un Mi-8 stationné sur cet aérodrome avait été aménagé afin de détecter entre autres les lignes téléphoniques enterrées...

Mi-8 Mi-8
notes

(1) Le système R-345 était également déployable au sol. Un tel complexe était installé sur le site d'écoute de Schneekopf > Lien.
     On se rappellera par ailleurs qu'en 1970, un Mi-10GR équipé d'un système "Grebechok" avait déjà été observé en RDA > Photo.


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