Les "Hip" de combat> Mi-8TV (1974)Une seconde variante désignée également Mi-8TV est apparue en 1974. La désignation "TV" du modèle décrit sur la page précédente, n'avait en effet pas été attribuée officiellement par l'OKB Mil. Il s'agissait plutôt d'une désignation officieuse qui signalait un Mi-8T armé. La nouvelle version jouissait de capacités d'emport plus importantes, grâce à deux bâtis externes latéraux accomodant trois râteliers chacun. Six conteneurs lance-roquettes UB-32A-24 (32 roquettes S-5 par conteneur), un assortiment de bombes diverses (de 50 à 500kg), ou encore des conteneurs napalm ZB-500, pouvaient y être accrochés pour un total de 1500 kg. De plus, quatre missiles antichars 9M17P Falanga (Phalange) alias AT-2C "Swatter-C" se glissaient sur les rails 2P32M montés par paires à l'extrémité des bâtis. Ainsi, les régiments équipés de Mi-24A puis de Mi-24D jouissaient d'une capacité antichar supérieure grâce aux Mi-8TV qui leurs étaient affectés, Mi-8 et Mi-24 utilisant les mêmes types de missiles (voir > Les Mi-24, partie 1). Le Mi-8TV possédait, en outre, sous le menton de son cockpit, une mitrailleuse de 12,7 mm Afanasyev A-12,7 alimentée à 700 coups servie par le mécanicien de bord. Outre les viseurs PKV et OPB-1R du Mi-8T, le copilote du Mi-8TV disposait également d'un viseur 9Ch121-01 et d'un joystick destinés au contrôle des missiles antichar. L'antenne de guidage de ces derniers était attachée juste derrière le cockpit, du côté droit du fuselage, en haut (> Photo).
Cette variante du "Hip" était aussi équipée d'un détecteur d'alerte radar S3M (SPO-10) que l'on reconnaissait aux petits carénages d'antennes sphériques situés de part et
d'autre du nez et de la dérive. Les Mi-8T et TV emportaient un détecteur "ami-ennemi" de type SRO-2M "Khrom" reconnaissable à ses trois petites antennes de taille dégressive
situées sous le nez et la queue de l'appareil. Comme on peut le constater sur certaines photos, des Mi-8TV furent mis à jour avec le système SRO-1P "Parol" dont les antennes étaient
triangulaires. Bel et bien appelé officiellement Mi-8TV (qu'en était-il dans les unités ?), ce dernier ne pouvait pas emmener de troupes en soute s'il
emportait la totalité de son armement. La nouvelle panoplie d'armements justifiait par ailleurs un nouveau code pour l'identification de cette version par l'OTAN, à savoir "Hip-E". Lorsqu'ils étaient affectés aux régiments autonomes d'hélicoptères de combat (OBVP) mettant en ligne des Mi-24, les Mi-8 formaient le troisième escadron, le premier et le second volant sur "Hind." Chaque escadron alignait 20 appareils répartis en cinq escadrilles (zveno). Le troisième escadron était composé généralement de huit Mi-8T et de huit Mi-8TV. Le reste de la dotation comprenait des Mi-8 spécialisés, tels que des postes de commandement comme les Mi-8VzPU ou les Mi-9 (au total deux appareils) et deux variantes non identifiées. Les régiments autonomes d'hélicoptères de combat et de contrôle (OVP BU) étaient également composés de trois escadrons mêlant Mi-8 et Mi-24. Ainsi, chacun des escadrons alignait deux escadrilles de Mi-24 et de deux escadrilles de Mi-8, en sus de deux "Hip" de commandement et de quatre Mi-24 spécialisés (K et R). Enfin, chaque Armée disposait d'un escadron autonome d'hélicoptères de combat et de contrôle (OVE BU) qui comptait de deux à six "Hip-C" aux côtés de Mi-8PPA, Mi-2T, Mi-24K et R et Mi-6 de commandement. Dans tous les cas, le nombre d'appareils pouvait varier d'une unité à l'autre selon la période. Au début des années 90, il restait très peu de Mi-8TV en RDA. Le processus de leur remplacement par des Mi-8MT et MTV-2 ne fut généralement que partiel, le troisième escadron des régiments d'hélicoptères de combat disparaissant ou voyant ses effectifs réduits. Effectifs d'autant plus réduits avec le retrait d'Allemagne des versions électroniques du Mi-8. Ainsi, ces dernières machines et les Mi-8TV avaient totalement disparu des cieux allemands en 1992. Remarquons que le "Hip-E" armé accusait une masse trop élevée et si ses remplaçants n'avaient pas de capacité antichar, ses missiles 9M17P étaient dépassés, surtout en comparaison des 9M114 "Chtourm-V" équipant les nombreux Mi-24V et P alors présents en Allemagne de l'Est. Nous terminerons en rappelant que la version d'exportation du Mi-8TV "Hip-E" était quant à elle équipée pour emporter jusqu'à six missiles antichars plus petits de type 9M14M Malioutka (Bébé, alias AT-3 "Sagger-A") en lieu et place des quatre Falanga de la version soviétique. Le Nicaragua et les forces est-allemandes ont utilisé cette version, qui, selon toute logique, s'appelait Mi-8TVK (K pour Kommercheskiy - export (2)) et était dénommée "Hip-F" dans la nomenclature de l'OTAN. Ces machines étaient pourtant communément appelées Mi-8TB ou TBK. Comme pour d'autres cas, cela s'explique par la reprise du caractère cyrillique "B" comme si il s'agissait d'un caractère latin, alors qu'il correspond à la lettre latine "V" - le "B" latin s'écrivant en cyrillique "Б". Donc "TBK" en caractères cyrillques et "TVK" en caractères latins. Ce n'est pas parce que l'on retrouve une mention erronée dans la plupart des publications que ces dernières ont raison ! Même la presse militaire des pays du pacte de Varsovie a commis cette grossière erreur et sa diffusion par la presse soviétique (avec la bénédiction des autorités - maskirovka, quand tu nous tiens !) ne pouvait que brouiller les pistes. Par un retour curieux de l'histoire, un historique du Mi-8 autrefois publié sur Internet pour le constructeur Mil a repris, selon toute vraisemblance, cette même erreur. L'histoire définitive de cette confusion généralisée reste encore à écrire ! Des "Hip" particuliersDes Mi-8 ont été régulièrement observés patrouillant le long de la frontière interallemande. Parmi ces derniers, il y avait des "Hip" désignés Mi-8TARK. Il existe deux interprétations de la désignation TARK : Televizionniy Artilleriskiy Razvedtchik - Korrektirovchtchik (Observation et reconnaissance [pour réglage] d'artillerie) et Televizionniy Aviatsionniy Razvedtchik-Korrektirovchtchik. Ces appareils auraient été désignés par les militaires Mi-8TG (à ne pas confondre avec le modèle fonctionnant au gaz liquide du début des années 90). La chute du mur a permis de découvrir ces machines particulières. Toutefois, ce qui a pu être documenté, ne correspondait pas exactement d'une part, à une partie de la désignation (le mot "télévision" n'étant pas justifié) et d'autre part, au peu de documentation disponible côté russe. Il est vraisemblable que cette version du Mi-8 pouvait être configurée différemment selon les tâches à exécuter. Le modèle identifié en RDA au début des années 90 emmenait un appareil photo AFA42/100 de 1000 mm ou un boîtier A-87P de 1300 mm, montés obliquement et de manière à pouvoir photographier depuis le hublot latéral avant droit. L'aménagement intérieur de la cabine permettait notamment de développer les clichés en vol. Un hélicoptère photographié lors d'une journée portes ouvertes à Mahlwinkel en 1992 disposait en outre d'un appareil photo monté sur le plancher de la soute arrière, tirant vers le bas à travers l'ouverture ventrale du treuil. Le reste des équipements avait été démonté, à l'exception d'un boîtier AFA42/100. La mission d'observation des frontières fut de toute évidence abandonnée lorsque le RDA cessa d'exister et les cellules furent remises aux standards des Mi-8T de transport et d'assaut. Le Mi-8TARK avait toutefois déjà été remplacé par le Mi-24K dans son rôle de "correcteur" des tirs d'artillerie. Certaines descriptions russes du Mi-8TARK présentent une machine assez différente : cette dernière emportait une suite de reconnaissance TV destinée à transmettre en temps réel les images aux postes de commandement via des relais installés dans des conteneurs (externes ou internes ?). Les caméras étaient montées derrières des trappes de hublot ouvertes et étaient commandées à distance par un système PNS-3 prenant en compte l'attitude et la direction de l'hélicoptère. L'une d'elles fournissait des images à petite échelle à basse altitude (minimum 200 mètres), tandis qu'une seconde caméra offrait un champ de vision plus large à partir de 1000 mètres d'altitude. Les images étaient affichées sur un écran VKS-121 géré par un membre d'équipage supplémentaire, installé à la place du mécanicien navigant dans le cockpit afin d'avoir une vue d'ensemble. Ce dernier restait présent et surveillait les instruments depuis l'encadrement de la porte séparant le cockpit de la soute. Une attention particulière devait être portée aux objectifs des caméras afin que des corps étrangers n'affectent pas la qualité des images. On notera sous toute réserve qu'il aurait existé une version TARK-1 adaptée au Mi-4, tandis que l'ensemble TARK-2 concernait le Mi-8.
Une autre tâche incombant aux Mi-8T était la mise en place de champs de mines. Le système VSM-1 (Vozdouchnaya Sistema Minerovaniya - Système de dépose de mines aéroporté) était un équipement standardisé utilisable aussi bien avec les Mi-8T qu'avec les Mi-8MT (> Photo d'un Mi-8MT d'Oranienburg). Celui-ci consistait en quatre conteneurs remplis de mines attachés aux pylones d'armement des hélicoptères (> Lien illustrant un Mi-8MTV-2 avec ces conteneurs). Chaque conteneur était chargé de 29 cassettes KSO-1 remplies de mines. La quantité totale de mines emportées dépendait de leur type : 7624 mines anti-personnel PFM-1S, 464 mines anti-personnel à fragmentation POM-2 ou 116 mines antichar PTM-3. Il existait également des mines PDM-4 destinées à entraver un assaut amphibie. La dispersion des mines, éjectées par des charges pyrotechniques de manière séquentielle depuis une hauteur de 20 à 100 mètres, était commandée par un panneau de contrôle monté en soute. Le tapis de mines qui en résultait était néanmoins inégal. Ce système présentait cependant l'avantage de permettre le larguage à grande vitesse - jusque 230 km/h pour les Mi-8MT - exposant ainsi l'hélicoptère pour un laps de temps limité aux tirs ennemis. Un Mi-8 pouvait disperser près de 8000 mines en une minute, couvrant une bande de terrain de 2km de long et large de 15 à 20 mètres. La densité du champ de mines dépendait de la cadence de largage ainsi que de l'altitude de travail.
Une autre image du Mi-8T illustré ci-dessus, avec la rampe du système VMR-1 abaissée. © DR.
Le complexe VMR-2 (> Lien / Mi-8T NVA > Photo 1 -
Photo 2 - Photo 3)
apparu vers le milieu des années 80 était un dispositif plus élaboré automatisé
adaptable aux cellules Mi-8T et Mi-8MT. Des cassettes contenant les mines installées selon un angle de 50 à 60°, déposaient celles-ci sur un tapis roulant. Ici, la rampe était
beaucoup plus courte mais empêchait toujours la fermeture des portes de soute.
Il était possible de couvrir une bande de terrain faisant 600 à 800 mètres de long en larguant des mines (jusqu'à 200 selon le type) selon un intervalle allant de 5,5 à 11 mètres.
L'altitude de largage maximale était portée à 200 mètres, tandis que la vitesse de pointe pouvait atteindre 160 km/h.
Si les systèmes VMR-2 étaient efficaces, le chargement des mines restait cependant fastidieux. Des Salons volants> Mi-8 "Salon"
Quelques exemplaires de trois autres versions ou adaptations du "Hip-C" équipaient quelques escadrons et régiments indépendants de l'Armeyskaya Aviatsiya
ainsi que le 226.OSAP et le 113.OSAE de la 16.VA à Sperenberg. Les cellules Mi-8T et TV (1968) étaient susceptibles d'être équipées de sièges et de tablettes pour le transport discret de passagers tels que les commandants d'unités. Ces appareils pouvaient aussi avoir un équipement de communication plus élaboré non figé. Les Mi-8T aménagés dits "Salon" étaient aussi en ligne avec des unités combattantes. Ainsi, lors d'une visite à Werneuchen, notre escorte nous indiqua que le Mi-8T n°21 du 41.ove BU armé de ses classiques conteneurs lance-roquettes, était un Mi-8 "Salon." Pour compliquer (ou devrait-on dire simplifier ?) l'identification de ces différentes sous-versions, pour les Russes et, dans une certaine mesure, pour quelques pays de l'ancien pacte de Varsovie, tout "Hip" équipé d'un aménagement de type V.I.P. et ceci quel que soit son modèle ("Hip-C" et même "Hip-H"), semblait prendre la désignation générique de Mi-8S. Néanmoins, il existait bel et bien une version désignée officiellement Mi-8S. Extérieurement fort semblable au Mi-8PS, ce modèle n'avait pas le même nombre de hublots et se reconnaissait surtout grâce à l'échangeur thermique monté sur le flanc avant gauche qui desservait un système d'air conditionné. Outre une suite de communications sécurisée et de gros réservoirs, cette version était motorisée par des turbines TV2-117F plus puissantes de 1700 cv. Une autre particularité se situait au niveau de la porte latérale qui n'était plus coulissante, mais qui basculait vers le bas avec son marche-pied intégré. Nous remarquerons enfin que tous les Mi-8S et PS ainsi que les Mi-8T "Salon" qui ont pu être observés en RDA disposaient du système IFF "Parol." notes
(1)
La situation avant l'entrée en service des "Hind-G1 et -G2" vers le milieu des années 80 est incertaine. Les Mi-24R auraient pu remplacer des Mi-8VD ou des Mi-2R, tandis que
les Mi-24K auraient pu remplacer des Mi-8TARK ou des Mi-2KR. Autant de versions du Mi-2 et du Mi-8 dont la présence en RDA est incertaine, à l'exception du modèle TARK. videos
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