Les chefsLes forces soviétiques faisaient largement appel aux postes de commandement aéroportés, qu'il s'agisse d'avions (voir > PC volants) ou d'hélicoptères. Les équipements embarqués à bord de ces derniers comprenaient des appareils de radiotéléphonie ordinaires ainsi que des moyens de communication à haute vitesse sécurisés et des relais radio. L'usage de PC aéroportés permettait d'assurer la continuité et la stabilité des transmissions radio, comme par exemple lors du déplacement d'un poste de commandement ou durant le mouvement des troupes. Le contact avec les unités séparées des forces principales pouvait également être établi et la chaîne de commandement être ainsi maintenue. Avec l'usage de ces appareils, la portée et la fiabilité des communications étaient accrues en temps opportun, entre autres avant une attaque nucléaire ou lors d'une offensive, lorsqu'un échange intense d'informations et de commandements aurait été nécessaire. Les hélicoptères permettaient aux commandants d'Armées de contrôler directement leurs troupes sur le champ de bataille dans une situation changeant rapidement. Cela s'effectuait alors depuis le sol, une fois posé sur un site permettant l'observation des combats. Ces machines assuraient également le rôle de relais par exemple entre un QG éloigné (Wünsdorf) et un poste de campagne. Dans ces conditions, il était alors nécessaire de voler à environ 200 mètres d'altitude. A ce propos, un énorme complexe de communications enterré dont l'indicatif était "Ranet" (reinette) se trouvait au GQG de Zossen-Wünsdorf. Connu comme le "Bunker Zeppelin," ce site que l'on peut visiter aujourd'hui était auparavant l'ancien centre de communication de l'Etat-major de la Wehrmacht. Cependant, l'ensemble comprenait également de plus petits sites dispersés, mais essentiels. Ainsi, le centre ORRUS (Centre de soutien aux communications radio-relais) indicatif "Trigger" (gâchette - mot identique en Russe comme en Anglais) était aménagé dans les bois à trois kilomètres au nord, à la périphérie du polygone d'entraînement de Wünsdorf. Ce site occupé par une douzaine de militaires faisait partie de la chaîne de communication permettant le contact entre le GQG et des véhicules en mouvement ou des postes de campagne. Parmi les différents équipements électroniques présents sur le site, un relais radio R-409 rendait possible la communication avec les postes de commandement aéroportés, qu'il s'agisse d'avions ou d'helicoptères.
Les premières voilures tournantes transformées en postes de commandement volants étaient les Mi-4KK (VKP) et -KU (voir > Les Mi-4).
Ils remplissaient leurs missions à l'échelle des divisions.
En 1972, ce fut au tour des Mi-6 de remplir cette tâche au niveau des armées terrestres et aériennes avec la version Mi-6VKP, puis le Mi-6AYa (Mi-22) en 1975
(voir > Les Mi-6). Les Mi-8T ne firent pas exception et les premiers exemplaires
de commandement - au niveau divisionnaire - furent modifiés dans les centres de maintenance au début des années soixante-dix.
La nouvelle variante désignée Mi-8VzPU (Vozdouchniy Pounkt Oupravleniya - poste de contrôle aérien) était souvent appelée Mi-8VKP
(Vozdouchniy Kommandniy Pounkt - poste de commandement aéroporté) en unité. L'appellation Mi-8BUS (Bortoviye Ouzly Svyazi - noeuds de communications
embarqués (1)) a également été rapportée.
Le "Hip-D" ainsi nommé à l'ouest, se distinguait de ses congénères par deux antennes dorsales tubulaires en forme de U inversé et par un double mât
d'antennes en V à la place de l'habituel boîtier du système doppler installé sous la poutre de queue. Il emportait sous ses bâtis latéraux de larges conteneurs
métalliques de formes parallélépipédiques. Les réservoirs de carburant étaient de capacité standard (745 et 680 litres).
Des stations radio ayant fait leurs preuves à bord des Mi-6 furent également employées à bord des Mi-8VzPU.
Comme l'emploi simultané des différents postes n'était pas envisagé, l'incompatibilité électromagnétique éventuelle entre eux ne fut pas prise en
considération. Une cloison située après la porte d'accès latérale isolait la soute arrière.
Une grande table de travail où était reportée la situation tactique y était installée (VzPU), alors que trois compartiments étroits occupés
par des opérateurs radio étaient situés à sa droite. Un autre opérateur était installé derrière, séparé par une cloison. La suite de communications (BUS)
comprenait les radios suivantes : Mais la spécificité du commandement au niveau des divisions demandait parfois d'autres systèmes. D'autre part, les moyens de communication de l'Armée soviétique se modernisaient et le besoin pour une machine dédiée à la mission de commandement se faisait sentir. Aussi, répondant à une commande du Ministère de la défense, une nouvelle version spécialisée du Mi-8 vit-elle le jour en 1976. Ce nouvel appareil dérivé du Mi-8T fut désigné Mi-8IV car il emportait une suite de communication appelée "Ivolga" (oriole). Il entra cependant en production à l'usine n°387 de Kazan' en 1977 sous l'appellation Mi-9 ou "Hip-G" pour l'OTAN. Succédant au Mi-8VzPU, le Mi-9 était fort logiquement destiné aux liaisons avec les divisions blindées, d'infanterie motorisée et aériennes. Le "Hip-G" était reconnaissable à ses antennes en forme de crosse de hockey situées sous la poutre de queue et la porte de soute gauche. Une antenne droite était quant à elle attachée sous l'autre porte. Une antenne dipôle se présentant sous la forme de deux longs carénages ventraux était fixée sous le fuselage. Une autre antenne pivotant électriquement vers le bas était attachée sous le ventre, à la droite des deux carénages précités. Les portes de soute arrière étaient identiques à celles du modèle Mi-8PS déjà abordé, moins larges et avec un axe d'articulation vertical au lieu d'incliné. Une porte d'accès était découpée au centre des deux portes de soute et une petite lampe était installée sous la poutre de queue afin d'éclairer la sortie. Les réservoirs de carburant étaient du type à capacité supérieure. Les Mi-9 déployés en RDA se présentaient sous différentes configuration (2). Ainsi, les premiers modèles étaient-ils dépourvus du boîtier doppler, tandis que quelques machines en furent ensuite dotées. D'autres Mi-9 modernisés emportaient des lance-leurres ASO-2V montés sur les flancs du fuselage entre le dernier hublot et les portes de soute. Dans ce dernier cas, on retouvait aussi un support pour un brouilleur à rayonnements infrarouges SOEP-V1A Lipa. Contrairement à son prédécesseur, l'aménagement interne du Mi-9 avait été étudié spécifiquement pour la suite de communications. Cette dernière comprenait essentiellement une radio HF R-856MB (liaisons air et sol) qui travaillait avec les antennes en forme de crosse de hockey, une radio d'aviation VHF R-802VYa, et une autre VHF/UHF R-832M Evkalipt (eucalyptus) ainsi que deux exemplaires de radios R-111 pour communiquer avec les troupes au sol sur les bandes HF et VHF. Celles-ci fonctionnaient en vol en utilisant l'antenne pivotante logée sous le fuselage, ou au sol à l'aide d'une antenne montée sur un mât de 11 mètres (les flancs du Mi-9 comportaient des prises pour brancher les antennes terrestres). Le complexe embarqué comprenait également deux récepteurs R-886 (D et E) et un relais hetzien R-405P. Ce dernier ne pouvait être utilisé qu'au sol, avec une antenne fixée sur un mât de 16 mètres 50. L'ensemble était conçu pour des communications simples ou complexes (multiplexage), en vocal ou en télégraphie. Deux modules T-817 Yakhta (yacht) rendaient possible le cryptage des liaisons vocales, tandis qu'une machine M-125 Fialka (violette), lointaine descendante de l'Enigma allemande, permettait l'envoi et la réception de messages codés via un module P-590A. D'autre part, il y avait trois magnétophones à bord.
L'agencement intérieur comprenait quatre parties distinctes : le poste de pilotage, un centre de communications où trois opérateurs s'occupaient des divers équipements électroniques (BUS),
un poste de commandement avec fauteuils, tables de lecture pour les cartes d'état-major et armoire de rangement avec serrures sécurisées (VzPU) - l'ensemble étant
isolé du compartiment précédent par une cloison - et enfin, une soute pour le matériel isolée du compartiment de commandement par une autre cloison,
et qui comprenait outre une partie des radios, les mâts d'antenne télescopiques et un groupe électrogène mobile AI-8 destiné à fournir la puissance électrique nécessaire lorsque
le Mi-9 était installé en PC terrestre.
Ce groupe pouvait également servir au démarrage des moteurs de l'hélicoptère, mais en pratique, il était souvent débarqué en raison de son poids atteignant près de 300 kg.
Jusqu'à six personnes pouvaient occuper la soute qui était climatisée. Un dosimètre DP-3B faisait partie de la suite embarquée.
L'équipage de conduite du Mi-9, très probablement comme celui des autres versions spécialisées, ignorait tout des équipements qu'il emportait. notes
(1)
On trouve tantôt la désignation BUS, tantôt la désignation VUS (Vspomogatel'niy Ouzel Svyazi - noeud de communications auxiliaire) dans la littérature
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