En fait, l'OTAN était très mal informé sur le potentiel nucléaire de l'aviation ennemie au milieu des années soixante.
La construction de cinq sites en RDA, Pologne et Hongrie fut repérée presque immédiatement et très documentée. Pourtant,
la nature du matériel stocké était inconnue. Des documents secrets de la CIA et de la USMLM (United States Military Liaison
Mission in East Germany - voir > liens) désormais déclassifiés nous éclairent un peu plus.
Un document datant de décembre 1964 intitulé "Les capacités des forces soviétiques à usage général"
("Capabilities of Soviet General Purpose Forces"), contenait un résumé surprenant :
"Nous n'avons jusqu'à présent découvert des armes nucléaires qu'en URSS.
Si les Soviétiques ne stockaient pas de telles armes en Europe de l'Est (dans sa partie occidentale), ces dernières
nécessiteraient un effort logistique important et demanderaient beaucoup de temps [pour les acheminer sur place]."
Il est plus que probable que la bombe utilisée était du type IAB-500. Conçue pour l'entraînement à l'usage des bombes
nucléaires tactiques - chargement, transport et garde - la bombe IAB-500 (Imitatsionnaya Aviatsionaya Bomba - bombe d'aviation de simulation)
qui utilisait le même corps aérodynamique que les bombes nucléaires tactiques 8U46/8U47/8U49,
était également une arme conventionnelle en elle-même. Sa composition interne comprenait 150kg de kérosène, 58kg de phosphore blanc
et 34kg d'explosifs (TNT et TGA 11). La détonation des explosifs au-dessus de l'objectif (1) brisait le corps de la bombe et libérait
le phosphore qui, à son tour, enflammait le kérosène. L'explosion provoquée par cette bombe engendrait une boule de feu qui était immédiatement suivie par
un nuage en forme de champigon (le phosphore lui donnait une couleur blanche réaliste) qui se développait rapidement en ondoyant, tel le nuage produit par une
explosion nucléaire. Des témoins affirmaient que ces nuages pouvaient atteindre jusque 200 mètres de hauteur !
"Ces deux situations différaient cependant dans le sens où le bombardement observé au mois d'août 1967 résulta en une
explosion qui produisit un grand nuage en forme de champignon gris-noir, tandis que la larguage observé dernièrement
résulta en une explosion au sol normale." Des observations similaires concernaient également les 559 et 497.IBAP,
respectivement baés à Finsterwalde et Grossenhain, au sud de la RDA. Cela prouvait la capacité nucléaire de toutes
les unités volant sur Su-7 "Fitter-A" : "Le 7 octobre, un "Fitter" stationné à Finsterwalde exécuta un minimum de quatre
manoeuvres LABS simulées. L'appareil passa au-dessus de l'aérodrome à environ 600 mètres, exécuta une ressource pour une
montée verticale jusque 1000 mètres, passa sur le dos quelques secondes et exécuta un demi-tonneau pour s'éloigner vers
l'ouest. Un programme très actif de navigations locales, des touch-and-go, des manoeuvres LABS et peut-être des passes sur
les champs de tir, furent exécutées par des "Fitter" et des "Moujik" de Grossenhain le 9 octobre."
Low-Altitude Bombing System - Bombardement en ressource
Afin de larguer une arme avec précision lors d'un bombardement en ressource, le système d'armes original
devait comprendre un équipement supplémentaire de sélection et d'information. Ce dernier était appelé PBK
(Pritsel dliya Bombometaniya s Kabrirovaniya) ou viseur de bombardement en tanguage. Cet équipement prenait la
forme d'un boîtier séparé ajouté au tableau de bord (en haut à gauche) sur les jets anciens comme le Su-7.
La procédure d'approche à basse altitude
nécessitait la connaissance d'un point fixe initial qui pouvait être identifié visuellement ou par radio, comme une
balise radio déposée par un commando ou un hélicoptère. Le boîtier PBK fournissait au pilote les informations nécessaires afin
de mener à bien son attaque finale (voir > L'attaque des batteries Hawk). HM.
This chapter is an adaptation of the article entitled 'Nuclear Power' by Stefan Büttner, published in the March 2009
issue of Aircraft Illustrated (Ian Allan Publishing).
notes
(1)
A l'instar des bombes nucléaires tactiques, une explosion au-dessus du sol ou au moment de l'impact pouvait être choisie.
Les bombes nucléaires tactiques étaient susceptibles d'être larguées selon une manoeuvre LABS ou de manière conventionnelle, en vol horizontal. Dans ce dernier cas,
un parachute frein était déployé derrière la bombe.