Il n'y a pas que les Rouges qui tentent de nous brouiller. Les avions de guerre électronique EF-111 américains arrosent parfois
nos antennes de "Music" avec un succès mitigé. Les équipements ECCM du Hawk s'avèrent très performants. Les chasseurs, eux,
lancent des bandelettes d'aluminium ("chaff") qui n'ont absolument aucun effet. Par contre, un appareil semble réellement
capable de nous rendre aveugles : le B-52. Je n'en ai jamais été témoin, mais des collègues m'ont assuré que ses effets sont
spectaculaires. Il est toujours possible de l'abattre en mode "Home on Jam", mais les autres cibles sont alors cachées.
Un soir d'été, alors que les opérateurs s'entraînent à accrocher les avions de ligne, un écho surgit au bord Nord de l'écran,
loin des lignes aériennes habituelles. Dès le second tour de radar il est clair que ce n'est pas un client normal. Les deux
spots sont très éloignés l'un de l'autre et l'ordinateur de tir désigne l'objet comme "Cat One"... Cet avion est à ce moment
le plus menaçant pour la batterie alors qu'il se trouve à plus de cent kilomètres : du jamais vu de mémoire de radariste! Le
premier High-Power l'accroche à 80 kilomètres de distance : "Alpha Skin Lock; Velocity Very High; Flight Level... ça alors!".
Sur mon indicateur, l'aiguille est bloquée tout en haut des graduations. Le "target" doit se trouver à 30.000m. Il vole
incroyablement vite et le radar est verrouillé sur son fuselage, pas sur les aubes d'un réacteur. Le "PIP" (Predicted
Interception Point) dépasse déjà la batterie : il serait désormais quasi-impossible de l'abattre. Nous regardons l'appareil
insolite traverser l'écran du nord au sud en quelques tours d'antenne. Sa vitesse est nettement supérieure à celle d'un missile
antiradiations et l'écho sur le "Velocity Scope" du High Power flotte à l'extrême droite : proche de 4.000km/h! A cette époque,
seul l'avion-espion SR-71 approche de telles performances. Nous avons beau scruter le ciel, mais aucune traînée de condensation
ne trahit le passage du mystérieux appareil dans la stratosphère... (voir > La chasse
au merle).
The area covered by the two Belgian Hawk battalions (43A in purple and 62A in turquoise) was considerable. This is a peacetime
situation with only two sites actives. In case of war, three sites (four before 1979) would have been active for each
battalion. As they were located in a same area, the area covered would have been nearly the same as shown here.
Depuis la Bataille d'Angleterre, les aviateurs pensent qu'il suffit de voler bas pour ne pas être détecté. Hélas pour eux, ce
n'est vrai que pour des radars primitifs, dont le faisceau doit être incliné vers le haut sous peine de noyer les échos dans un
important "Ground Clutter". Pour les radars modernes, tout ce qui bouge fait l'effet du miel sur une mouche, quelle que soit son
altitude. Pire encore, l'ordinateur de tir attribue toujours un niveau de menace supérieur à un avion volant au ras du sol.
A moins de se cacher derrière un objet impénétrable (colline, montagne, relief) voler bas ne sert qu'à vous rendre suspect. Vous
êtes en outre très vulnérable aux armes à courte portée. Un autre mythe veut que si deux avions se croisent sans cesse en
approchant d'un radar, ils ne peuvent pas être abattus. Cette tactique nommée "Cobra" et souvent employée par les A-10 est
absolument futile. Pour entrer en "Zero Doppler", un avion doit avoir une vitesse d'approche nulle par rapport au radar. Cela
ne se produit que si l'appareil reste à distance constante du radar. Dans ce cas, il est effectivement impossible d'obtenir un
"Lock". Mais ce n'est pas nécessaire car l'attaquant ne présente aucun danger, vu qu'il n'approche pas.
En outre, quand il est
en "Zero Doppler" pour un radar, il est forcément en position favorable pour les autres batteries de tir. Une défense SAM
comprend toujours au moins trois batteries. Et même s'il n'y a qu'un seul radar de poursuite, le "Cobra" ne peut tromper qu'un
opérateur novice.
Tout spécialiste passe en mode manuel et continue à suivre l'objectif malgré ses virages. En mode automatique,
le radar passerait successivement d'un appareil à l'autre. Le missile serait forcé de slalomer sans cesse, mais approcherait de
toute façon assez près. Mieux encore, les deux attaquants seraient victimes du même missile, car trop proches l'un de l'autre.
La seule tactique à ma connaissance efficace a été employée une seule fois, par des F/A-18 canadiens. Pour éviter de détecter les
voitures sur les autoroutes allemandes, les radars sont généralement réglés pour ignorer tout ce qui se déplace à moins de
160km/h. Deux pilotes canadiens ont pu s'approcher "incognito" de notre batterie en volant "tout sorti" et à basse vitesse.
Arrivés à la hauteur d'Arolsen, ils ont viré vers la batterie et simulé le tir de deux missiles HARM : pas vus, pas pris! Cette
manœuvre était intelligente, mais utopique car en temps de guerre les F-18 nez haut en rase-motte feraient une excellente
cible pour les troupes au sol. La même astuce avait permis au jeune Mathias Rust de poser son Cessna 152 sur la Place Rouge,
après 800 km de vol lent au travers des défenses soviétiques.
(1)
La compagnie est-allemande de transports internationaux routiers Deutrans était connue pour servir de couverture à des activités
d'espionnage à l'Ouest > Link.
L'incident évoqué ici impliquait probablement l'un de leurs véhicules.
Il est parfaitement vraisemblable que le semi-remorque abritat le même système ECM "Smal'ta" que celui qui équipait les Mi-8SMV et qui
avait été spécialement développé pour contrer les missiles Hawk (voir > Les Mi-8, partie 4).
Ce complexe faisait en effet appel à de très petites antennes de forme carrée (environ la taille d'un hublot de Mi-8)
qu'il aurait été facile de dissimuler derrière des panneaux diélectriques situés sur les flancs de la remorque. HM.