Comme mentionné à la fin de la page précédente, le développement du Su-17M3 (Article S-52) "Fitter-H" fut lancé dans la foulée de celui du biplace Su-17UM. Le premier de cinq prototypes était prêt début 1976 et le second (actuellement exposé au musée de Monino) un an plus tard. La stabilité sur l'axe de lacet laissait à désirer lorsque les ailes étaient calées à leur flèche maximale de 63° et que l'avion affichait un angle d'attaque important. Afin de remédier à ce problème, la dérive fut agrandie par une extension de 145mm au-dessus du gouvernail de direction et une petie quille caudale fut ajoutée sous le fuselage arrière, autant de caractéristiques reprises sur les Su-17UM3 et M4. Si la production en série débuta en 1976 parallèlement à celle du Su-17UM (puis du Su-17UM3) et se poursuivi jusque 1981 jusqu'à ce que 450 exemplaires du "Fitter-H" soient sortis des chaînes de production, ce n'est qu'à partir de la 38è série en 1978 que ces améliorations furent introduites lors de la fabrication. Néanmoins, les machines produites précédemment furent également modifiées en conséquence. La configuration aérodynamique retenue était identique à celle du biplace avec le nez incliné. L'espace qui était réservé au second cockpit sur le Su-17UM était désormais réservé à de l'avionique, tandis que le carénage situé derrière abritait un nouveau réservoir de carburant de 285 litres. Un maximum de quatre réservoirs supplémentaires PTB-800 ou de deux bidons PTB-1150 étaient susceptibles d'augmenter l'autonomie. A partir de 1979, un siège éjectable "zéro-zéro" K-36DM équipa les Su-17M3 et ensuite les Su-17M4. Le réacteur restait le Lyoul'ka AL-21F-3 qui motorisait également les Su-17M/M2/UM. Le Su-17M3 retrouvait l'armement standard de deux canons de 30mm, alors que deux pylônes supplémentaires (n°9 et 10) destinés uniquement à emporter des missiles air-air R-60 à autodirecteur IR, furent ajoutés en 1978 entre les deux points d'emport alaires. Deux autres points d'emport n°1r et 2r étaient prévus à l'avant du fuselage. Pouvant être confondus avec les points d'emport n°1 et 2 (se reporter à la page précédente pour plus de détails), ils étaient en fait décalés latéralement vers l'extérieur afin de dégager plus d'espace pour les missiles Kh-25., Kh-27PS, Kh-58U et Kh-29L pour lesquels ils étaient prévus (voir la photo ci-dessus à gauche). Cela portait donc le nombre de points d'emport à 15 contre 11 pour le Su-7M2. Un nouveau collimateur ASP-17BMTs remplaçait - une fois quelques problèmes de précision résolus - l'ancien ASP-17S. Le télémètre laser Fon du Su-17M2 céda sa place dans le cône nasal au télémètre laser et désignateur de cible Klen-PS (S pour Soukhoï) identique au Klen-PM (M pour MiG) monté dans les MiG-27M et D. Le faisceau du laser était susceptible d'être pointé devant l'avion selon un angle pouvant varier de +6° à -30° contre 0° à -17° pour le Su-17M2. En ce qui concerne l'autodéfense, outre les missiles R-60, le système de détection et d'alerte radar SPO-15L Bereza-L était installé. Les premiers appareils étaient encore équipés du système IFF SRO-2M Khrom qui sera ensuite remplacé par le SRO-1P Parol'. Deux cassettes lance-leurres KDS-23 contenant six cartouches chacune (PPI-50 thermiques ou réflecteurs dipôles PRP-50) étaient logées en interne, sur le dos du fuselage derrière le cockpit. Le cas échéant, quatre ensembles de lance-leurres supplémentaires ASO-2V seront, suite à l'expérience de la guerre d'Afghanistan, ajoutés à raison de quatre modules sur le dos du fuselage. L'emport d'une nacelle ECM restait bien entendu d'actualité, mais c'est le conteneur automatique SPS-141MVG (ou SPS-142MVG) prévu notamment pour contrer les missiles MIM-23 Hawk qui succédait au SPS-141V. Les premiers Su-17M3 utilisaient cependant encore l'ancien complexe ECM. Le canon gauche était désactivé lorsque qu'un conteneur ECM était monté pour ne pas l'endommager.
L'arsenal du "Fitter-H" reprenait naturellement une bonne partie de celui du Su-17M2, soit les bombes classiques théoriquement jusqu'à quatre tonnes (huit bombes de 500kg sous les points d'emport 1 à 8), les bombes incendiaires ZB-500 ou encore les conteneurs à sous-munition KMGU-1 et -2. La configuration nucléaire comprenait soit une seule bombe RN-24 (500kg), deux bombes RN-28 (305kg) ou bien deux bombes RN-40 sous le fuselage aux points d'emport n°1s et 2s, plus deux réservoirs PTP-1150 sous les ailes. Ce n'est qu'à partir du Su-17M3 avec son collimateur ASP-17B associé à une interface de contrôle, que le conteneur SPPU-22 a pu être exploité avec son canon bitube GCh-23L de 20mm incliné vers le bas. Le canon pouvait être pointé vers le sol jusqu'à un angle de 30°, tandis que le conteneur était attaché à l'avion avec le canon orienté vers l'avant, ou à l'envers, canon dirigé vers l'arrière. Le tir se faisait à basse altitude en palier, à partir d'une distance de 1400 à 1600 mètres de la cible. Lorsque le mode de tir adéquat était activé, le pilote alignait le réticule sur la cible et pressait la détente, le canon tirant automatiquement au moment opportun suivant l'angle d'inclinaison qui lui avait été donné au sol. La procédure restait identique lorsque le canon était tourné vers l'arrière, le délai de tir étant calculé de manière automatique. Mais utiliser cette arme tout en utilisant par exemple des bombes demandait au pilote de jongler avec les commandes du système d'armes. Un problème qui sera résolu avec le Su-17M4 qui permis l'utilisation simultanée du SPPU tout en poursuivant l'attaque avec un autre moyen. Si le Su-17M3 pouvait toujours tirer le missile Kh-23(M) grâce à un conteneur externe Del'ta-NG, l'emploi de missiles à guidage laser Kh-25L ou ML (habituellement deux missiles sous les points d'emport alaires externes n°3 et 4) et Kh-29L (à partir de 1979-80 - deux missiles sous le ventre, points n°1r et 2r) ne nécessitait plus de conteneur Projektor-1 puisque le Klen-PS pouvait désigner la cible. En plus des roquettes non guidées S-5 (pods UB-16-57UM et UB-32A) , S-8 (pod B-8M1), S-13 (pod B-13), S-24 (rail APU-68U) et S-25 (tube O-25), une version de cette dernière à guidage laser devint disponible à partir de 1979. La précision d'une S-25L était, cela va sans dire, considérablement supérieure aux variantes non guidées de cette roquette. Le missile antiradar Kh-28 et son pod de désignation Metel'-A quant à eux restaient d'actualité, cependant, trois nouveaux types de missiles antiradars plus pratiques d'emploi car moins volumineux et utilisant un propergol solide, entrèrent en service. Il s'agissait d'abord du Kh-25MP d'une portée d'environ 10 km visant notamment les systèmes Hawk, Improved Hawk et Nike Hercules. La version Kh-25MPU visait aussi les systèmes "Roland" et "Crotale" mais sa portée était considérablement augmentée afin de pouvoir le lancer hors de la zone léthale des missiles sol-air, allant jusqu'à 40 km. Il était équipé d'une tête de guidage radar passive (PRGSN) destinée à suivre les ondes radar émises en continu. Ensuite, il y avait le Kh-27PS développé sur la base du Kh-25. Son capteur passif était interchangeable en fonction du type de menace à traiter. Il pouvait se diriger non seulement d'après l'onde radar, mais également d'après ses lobes latéraux. Il était capable, le cas échéant, de ré-acquérir la cible ou une autre à proximité en cas d'interruption temporaire des émissions radar. Ce missile a été utilisé par les MiG-27 et les Su-17M3 à partir de 1980. Tirer des missiles Kh-25MP ou Kh-27PS n'était possible qu'avec l'aide d'un conteneur BA-58 V'youga-17 (Artile L-086) boulonné sous le ventre des "Fitter" au centre. La présence de ce conteneur volumineux n'allait pas sans perturber la stabilité de l'avion. Si le pod V'youga des "Flogger" était de forme cylindrique, celui des Su-17 était de forme large et aplatie. Les paramètres d'attaque de la cible comme la prise d'altitude du missile et son angle de piqué devaient être programmés dans le conteneur avant le vol pour être relayés vers le pilote automatique du missile. Un affichage lumineux baptisé Loutch (Faisceau) informait le pilote de différents paramètres relatifs au tir du missile. Le troisième type de missile qui méritait le qualificatif de "fire and forget" (tire et oublie) était le Kh-58U déjà étudié en détail dans la page consacrée au MiG-25BM (> Lien). Adopté par les Su-17M3 vers 1980, sa portée maximale était d'au moins 100 km (plus importante ou plus courte selon le profil de tir) et lui aussi nécessitait l'emport d'un conteneur V'youga-17.
Deux missiles pouvaient être suspendus à des supports AKU-58-1 sous le fuselage avant (points d'emport 1r et 2r), tandis qu'un conteneur ECM SPS-141MVG était monté sous le point d'emport alaire externe gauche n°3 (habituellement sous le point interne dans les autres configurations) et qu'un pod lance-roquettes UB-32M le contrebalançait à droite. Contrairement aux autres missiles dont le carénage diélectrique nasal était en fibre de verre, celui du Kh-58U l'était en verre, exigeant une attention particulière des personnels au sol ! En 1981, les "Fitter-H" produits à partir de le 54è série auraient pris la désignation de Su-17M3P. Ces appareils étaient adaptés à l'emport des missiles Kh-25MP, Kh-27PS et Kh-58U. Les avions construits auparavant furent modifiés dans les centres de maintenance.
Le 20.GvAPIB est passé du Su-17M au Su-17M3 au cours du printemps 1980. Comme nous l'avons vu dans la page précédente, les Su-17M de Gross Dölln ont alors rejoint les rangs
du 730.APIB à Neuruppin.
Le premier escadron du 20.GvAPIB a suivi les cours théoriques à Lipetsk à partir du mois d'avril. Les pilotes se rendirent ensuite à Komsomolsk-sur-l'Amour
afin de prendre en compte quatre nouveaux Su-17UM3. Ces derniers furent alors convoyés en vol jusqu'en RDA entre le 16 et le 20 juin.
Les appareils suivants, monoplaces et biplaces, rejoignirent également Gross Dölln en vol, jusqu'a ce que les effectifs du régiment soient au complet à la mi-octobre 1980.
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