Le 294.ORAP a commencé sa carrière opérationnelle en RDA avec ce type d'avion.
Ce régiment d'aviation de reconnaissance autonome a été activé en mars 1951 à Strausberg; cependant, il a déjà quitté cette base aérienne en 1953 pour Welzow où il n'est resté qu'un an.
En 1954, les avions ce sont de nouveau déplacés, cette fois à Altenburg alors que Le 11.ORAP précédemment basé à Yekabpils en Lettonie prenait la place du 294.ORAP à Welzow.
C'est lorsque le régiment y était, que le futur cosmonaute Alexei Leonov qui devint le premier
homme à "marcher" dans l'espace le 18 mars 1965, fut affecté au 294.ORAP en décembre 1959 (> Lien 1 /
> Lien 2). L'association du régiment avec cet aérodrome de Thuringe dura jusqu'en juillet 1967,
lorsqu'il fit mouvement en première ligne pour Allstedt, près de la frontière inter-allemande, où il resta basé jusqu'à son retrait d'Allemagne en mai 1991.
Vers la fin des années soixante, les MiG-15bisR cédèrent la place à des machines à la fois plus performantes et disposant d'une suite de reconnaissance élargie bien plus élaborée.
Les MiG-21R "Fishbed-H" (2) qui prirent le relais des "Fagot" devenus obsolètes exécutaient leurs missions grâce à des
conteneurs spécialisés longs de cinq mètres, emportés en point ventral.
Afin de compenser la disparition de ce point d'emport qui était le seul où un réservoir supplémentaire pouvait être accroché (le MiG-21R était un développement du MiG-21PFS),
deux points d'attache pouvant recevoir des réservoirs
additionnels PTB-490 de 490 litres furent ajoutés à l'extérieur des deux pylônes alaires déjà existants. Les ailes du MiG-21R se caractérisaient également par la présence de deux petits carénages
constituant les saumons d'ailes. Ils abritaient les antennes du détecteur d'alerte et de localisation radar SPO-3 "Sirena" dont l'électronique était logée à l'intérieur des conteneurs ventraux.
Trois modèles de conteneurs de reconnaissance principaux coexistaient dans les unités :
- Modèle "N" (Nochnaya fotorazvedka - reconnaissance photo de nuit).
Cette version dédiée à la reconnaissance nocturne contenait une caméra AFA-UA-47.
La photographie de nuit était rendue possible grâce à quatre cassettes KDF-38 contenant au total 152 fusées éclairantes FP-100, qui occupaient près d'un tiers du conteneur.
Un système de lance-leurres ASO-2I prenait place dans la pointe arrière. La nacelle "N" comprenait également l'enregistreur Lira et un complexe SPO-3.
- Modèle "R" (Radiotekhnicheskaya razvedka - reconnaissance électronique). Ce conteneur se reconnaissait aisément grâce aux grands panneaux diélectriques
des systèmes ELINT SRS-4 Romb-4A et Romb-4B (Losange) qui ornaient ses flancs. Les signaux électromagnétiques captés par cette suite de détection/classification/localisation
des radars, étaient enregistrés sur bande magnétique (Lira).
Une caméra A-39 était conservée à l'avant, tandis qu'un système de lance-leurres ASO-2I et un complexe SPO-3 occupaient la pointe arrière.
En outre, le MiG-21R était susceptible d'emporter un conteneur vraisemblablement de type RR8311-100
destiné à mesurer le taux de radioactivité dans l'air ambiant. Le pilote avait à sa disposition un boîtier de contrôle fixé sous l'arceau
supérieur du parebrise (cliquer sur le dessin à droite), lui permettant d'agir notamment sur les divers systèmes de reconnaissance, les lance-leurres ou le détecteur d'alerte radar.
Il existait au moins trois modèles de boîtiers différents pour les conteneurs D, N et R. Ainsi, une bonne partie des avions volaient toujours avec le même type de conteneur,
en adéquation avec le boîtier de contrôle monté sur les avions. Les MiG-21R conservaient des capacités d'auto-défense ou d'attaque au sol grâce à la présence des deux pylônes alaires
internes qui pouvaient emporter des armes air-air ou air-sol. D'autre part, ils étaient susceptibles d'être utilisés en versions pures de chasse ou d'attaque au sol; les antennes en
bouts d'ailes étaient alors parfois démontées.
Les deux escadrons de MiG-21R cédèrent progressivement la place entre 1977 et août 1981 à deux aviatsionnaya eskadril'ya de Su-17M3R "Fitter-H".
Comme il est possible de le constater sur le tableau ci-contre, l'unité comptait en moyenne 24 monoplaces et six Sparka Su-17UM3 "Fitter-G" biplaces
d'entraînement et de conversion opérationnelle.
- Le modèle KKR-1T était équipé avec, dans l'ordre, une caméra A-39 (celle-ci était calée en position
verticale ou oblique jusqu'à 55° avant le vol), une caméra panoramique PA-1,
une caméra UA-47 destinée aux prises de vues nocturnes, quatre cassettes KDF-38 contenant des fusées éclairantes FP-100 (parfois absentes sur certaines photos illustrant
cet article et la galerie photo s'y rapportant) et un système ELINT SRS-13 Tangaj, dont on pouvait distinguer les panneaux diélectriques sur les flancs arrières des nacelles
(les premiers modèles essentiellement destinés à l'exportation emportaient un système Viraj). La suite SRS-13 était destinée à la localisation des radars, leur classification et
l'identification de leurs fréquences (pour davantage d'informations sur ce conteneur, visiter ce > Lien /
vidéo détaillant un KKR-1T des LSK/LV > Lien).
Le modèle KKR-1T/2 emportait en plus un système Chpil' qui balayait le sol au moyen d'un rayon laser. D'une résolution supérieure aux systèmes de reconnaissance TV our IR,
il permettait en outre de détecter des objects de nuit.
- Le modèle KKR-1/2 emportait dans son module arrière un système de reconnaissance TV Tchibis (Vanneau) et
un complexe d'imagerie thermique Zima (Hiver). Les images TV et IR étaient relayées vers une station au sol grâce à une suite de transmission de type data link
Trassa, dont on pouvait distinguer les antennes sous le croupion du conteneur. Le module avant était équipé à l'identique du conteneur KKR-1T, à savoir trois caméras
A-39, PA-1 et UA-47.
En outre des complexes Tchibis, Zima et Trassa, le modèle KKR-1M renfermait une caméra A-39 et surtout une caméra de longue focale
AFA-42/100 équipée d'un objectif de 1000mm.
Cette dernière, utilisée également par l'Aviation à long rayon d'action, visait spécifiquement la photographie oblique à longue distance depuis une haute altitude.
Un départ en deux temps, puisque l’un de ses
escadrons était rapatrié en U.R.S.S. dès la fin de l’année 1990, le second ne quittant sa base d’Allstedt que le 21 mai 1991
peu avant sa fermeture, pour faire une première escale à Gross Dölln.
Un premier escadron fut transféré au 313.ORAP de Vaziani en Géorgie et un second au 98.OGRAP "Svirskiy"
de Montchegorsk dans le district de Mourmansk en Russie, tandis que le 294.ORAP était dissous en juin de la même année.
Il reste à noter que, contrairement aux autres départs d’avions et d’unités de la 16.VA observés à la même époque,
le départ du 294.ORAP ne s'effectuait pas dans le cadre du retrait général négocié des forces soviétiques d'Allemagne, mais en vertu des
accords dits CFE (Conventional Forces in Europe), portant sur la réduction des forces conventionnelles en Europe
(4).
(1)
- Deux escadrons sur Su-17M3R (294.ORAP)
- Deux escadrons sur Su-24MR (11.ORAP)
- Un escadron sur Yak-28R (931.OGRAP - à partir de la mi-86)
- Un escardron sur MiG-25RB. (931.OGRAP) (2) Les premières machines seraient arrivées en 1967 quand le régiment était encore à Altenburg.
Les MiG-15bisR auraient encore volé quelque temps depuis Allstedt. Un rapport de la USMLM datant de 1970 laisse à penser que quelques MiG-17 - s'agissait-il
plutôt de MiG-15bisR mal identifiés, voire de MiG-17R ? - et UTI MiG-15 étaient basés à Allstedt aux côtés des MiG-21R.
D'autres rapports mentionnent l'évolution suivante :
1964 : 28 MiG-15bisR
1967 : 50 MiG-15bisR, 6 UTI MiG-15, 4 Yak-12, 7 MiG-21U (3) Ce type de caméra initialement développé en URSS à partir de 1936 était utilisée afin de photographier
de manière continue le sol défilant sous l'avion au travers d'un orifice rectangulaire (schéma de principe ici).
La planche contact obtenue se présentait sous la forme d'une image continue en mosaïque. Le boîtier était en principe composé de deux objectifs différents, ce qui permettait d'obtenir
en même temps la même image sous deux échelles distinctes.
Le modèle AChtchAFA-5M était conçu pour la photographie à basse altitude, jusqu'à une vitesse de 1500 km/h. Les images récoltées avaient une échelle de 1:1000 et de 1:6000.
Il existait deux variantes de cette caméra : la première, dont le principe de fonctionnement est décrit ci-dessus, était composée de deux objectifs (200 et 70mm).
La seconde variante comprenait trois modules, à savoir un premier composé de deux caméras comme la variante 1, un second destiné à la photographie stéréoscopique et un
troisième destiné à la photographie axonométrique bilatérale. (4) Les accords C.F.E. étaient signés le 19 novembre 1990, à Paris, à l’occasion de la Conférence sur la Sécurité et la Coopération en
Europe (en abrégé C.S.C.E, devenue aujourd’hui une organisation avec pour abbréviation O.S.C.E.), par 22 pays de l’Alliance atlantique et du pacte de Varsovie.