En avril 1990, intervenait le dernier grand exercice réalisé par la 16.VA en Allemagne. En quelques heures, divers
éléments de son dispositif de combat avançaient de plusieurs kilomètres sur des terrains de désserrement - comme quelques
MiG-25 de Werneuchen que l’on retrouvait, par exemple, à Eisenach (Haina). Ces moyens se voyaient par ailleurs renforcés par
une poignée de chasseurs-bombardiers de pénétration lointaine Su-24 ”Fencer” et intercepteurs Su-27 ”Flanker”, en provenance
des bases proches de Pologne, telles Chojna, Krzywa, Kluczewo, Szprotawa ou Zagan, toutes nichées derrière la ligne
Oder-Neisse. Destinés à frapper en profondeur le dispositif de défense allié, ces chasseurs-bombardiers “Fencer” et leurs
chasseurs d’escorte “Flanker” constituaient en fait la quatrième ligne du dispositif aérien tactique soviétique en Europe
centrale. En d’autres temps cet exercice aurait probablement amené dans le ciel est-allemand bombardiers stratégiques,
ravitailleurs en vol et avions de reconnaissance lointaine en provenance des bases d’U.R.S.S. et inévitablement mis en
alerte une partie des forces de l’OTAN.
Selon des estimations établies par les services de renseignement américains, les installations militaires de l’ex-R.D.A.
pouvaient accueillir, sur une profondeur de 180 kilomètres le long de l'ancienne frontière inter-allemande, environ 2560
appareils de combat et sur les 150 kilomètres suivants pas moins de 1630 appareils. Cette formidable armada n'aura
heureusement jamais été réunie pour bousculer l’OTAN. Un des exemples parmi les plus frappant de cette capacité à accueillir
des appareils en déploiement peut encore être découvert en arpentant les bois aux alentours de l’ancienne base de Brand.
En pleine forêt, hors du périmètre grillagé de la base, une énorme piste de roulement mène à plusieurs plates-formes de
desserrement bien camouflées, avec merlons de protection et zones de retournement capables d'accueillir plusieurs dizaines
d'appareils. Aujourd’hui totalement désertes, les installations de Brand ne reçoivent plus qu’épisodiquement la visite des
hélicoptères de la police de Berlin venus en mission d’entraînement.
Même après avoir fait valoir leur participation à la coalition anti-nazie
et le prix du sang versé par les soldats soviétiques au cours de la Seconde Guerre mondiale - dans l’ultime bataille de
Berlin, l’Armée rouge avait encore payé le sacrifice de 72.000 des siens - “Ni les Allemands ni les Alliés occidentaux n’ont
accepté que soient traités sur le même pied ceux qui, après guerre, ont défendu la liberté de Berlin et ceux qui ont imposé
à la partie est de l’Allemagne un régime communiste honni” (D’après La guerre froide 1944-1994, Le Monde Éditions, Paris, 1994)
The Air Assets of the Western Group of Forces < Part 1