Simplified map showing the route followed by the 132.TBAP to reach Wittstock on 6th July 1972 and its return flight via the reserve airfield at Zheludok
(from http://scucin-avia.narod.ru).
L'efficacité des brouillages avait rendu les échanges radio entre les contôleurs aériens
d'interception et les chasseurs chargés d'attaquer les assaillants chaotiques. A tel point qu'un intercepteur fut perdu : un pilote ne parvenant
plus à communiquer avec le sol avait dû s'éjecter faute de carburant. L'ordre de cesser l'emploi
de ces contre-mesures électroniques fut donné avant le délai qui était prévu, mais il ne parvint à destination que grâce aux moyens de communications à longue
distance et après confirmation par un mot de passe. Le lendemain, un message annonça que le trafic aérien civil en RFA avait été paralysé durant
la même période.
Le second escadron mettait en oeuvre neuf Tu-16K-11-16 "Badger-G" un vecteur optimisé pour l'emport de deux missiles air-sol KSR-2 (AS-5 "Kelt") ou de
la version anti-radars du même missile, désignée KSR-11 (AS-5 "Kelt" également). Cependant, ces avions transportaient des bombes
de 250kg freinées par parachutes lors du raid sur Wittstock. Chaque équipage s'était vu désigner un objectif précis sur l'aérodrome factice du champ
de tir (Photo 1 -
Photo 2). Les neuf "Badger-G" du premier escadron devaient, quant à eux, larguer des bombes à fragmentation ainsi que des mines afin de gêner la remise en état de l'aérodrome "ennemi".
Ces dernières devaient exploser de manière erratique afin de surprendre les démineurs, raison pour laquelle toute cirulation sur la zone fut interdite
pendant plusieurs jours. Si le groupe de bombardiers volait initialement à moyenne altitude, les appareils descendirent à 200 mètres
aux approches de la RDA alors qu'il faisait nuit. Peu avant d'atteindre l'objectif, trois Tu-16 Yelka prirent soudainement de l'altitude
pour larguer des bombes éclairantes, illuminant le sol comme en plein jour. L'équipage du commandant de la division, le Général Kharine, devait lancer
36 bombes anti-revêtement sur la piste. L'explosion retardée de ces dernières ne devait intervenir qu'après le passage des autres avions de la formation.
Furent-elles larguées trop tôt ou les appareils suivants étaient-ils en retard, toujours est-il qu'elles commencèrent à exploser lorsque le Tu-16 de
Victor Kabanov survolait la piste. Heureusement, son avion s'en tira indemne. Un incident assez similaire s'est reproduit en
1974 à Vozdvijenka. L'un des appareils fut criblé d'éclats mais parvint néanmoins à rentrer sans encombre.
Mais le bombardement du champ de tir de Wittstock constitua-t-il le point culminant de cette mission hors norme ? Si les bombardiers ont pris le chemin du retour
à nouveau via la Baltique, ils se sont ensuite dirigés vers le sud-est pour atterrir sur le terrain de réserve du 132.TBAP situé à Jeloudok en Biélorussie. Les 27
appareils du regiment se posèrent de nuit sur la piste en terre battue. Les équipages purent ensuite se reposer dans un casernement et le plein des avions fut refait.
Le lendemain, un Yak-28R "ennemi" survola le terrain à basse altitude en début de soirée. Une attaque de l'aérodrome étant dès lors prévisible pour le lendemain, les Tu-16 repartirent
pendant la nuit - début des décollages précisément à 03H19 - pour leur terrain d'attache à Tartou. Un équipage failli perdre la vie au décollage. Les appareils s'élençaient
par paires en soulevant d'énormes nuages
de poussière et le leader d'une para commença à dériver vers la droite. Son ailier s'est retrouvé pratiquement hors de la piste alors qu'il s'écartait
lui aussi vers la droite sans doute en collant à la trajectoire de son leader. La vitesse diminua alors que son avion rencontrait une surface plus molle - les roues
laissèrent de profonds sillons dans le sol - puis
augmenta à nouveau. Dans ces conditions, il fallu 3500 mètres pour finalement parvenir à décoller avant les maisons du village voisin situé en bout de piste. Le pilote avait décidé de
poursuivre la manoeuvre de décollage malgré tout, de crainte d'être percuté par l'appareil suivant en cas d'abandon. Ce dernier risquait en effet
de ne pas voir l'obstacle sur la piste à cause de la poussière. Essayez d'imaginer 27 Tu-16 décollant par paires à court intervalle de nuit sur une piste en terre
battue...
Après cette mission sur l'Allemagne, le régiment reçu les félicitations du Ministre de la Défence, le Maréchal A.Gretchko - ancien commandant du
GSVG de mai 1953 à novembre 1957 - pour son évalutaion positive.
Ce dernier était en effet présent en RDA où il avait pu assister à cette attaque nocturne.