A NVA KS-19 gun on parade in East Berlin.
Ayant été chassés de notre OP à Allstedt, notre équipe de reconnaissance pris la direction de l'objectif du lendemain, l'aérodrome de Grossenhain à 150 kilomètres de là.
Lynn décida de vérifier si le terrain de Köthen qui était sur notre route à l'est de Grossenhain, était actif. Ce n'était pas le cas, aussi Lynn choisi de visiter l'unité
d'artillerie anti-aérienne équipée de canons KS-19 de calibre 100mm toute proche. Cette unité, localisée à la limite de la ville de Köthen, était difficile d'approche
non seulement à cause du trafic routier, mais également parce que le périmètre d'une Zone Interdite Permanente gênait nos mouvements. Nous parvînmes néanmoins à nous
approcher très près de l'objectif. Lynn me passa son appareil photo pour que je le charge avec un nouveau rouleau de film. Alors que je lui tendais l'appareil en retour,
les servants des canons répétaient leur drill. Lynn dit à Nick, notre chauffeur, de nous rapprocher encore davantage. Nick roula à grande vitesse vers la zone d'activité, stoppant la
voiture parallèlement pour offrir à Lynn une bonne vue. Les seuls sons perceptibles étaient ma respiration rapide et le bruissement du moteur du Nikon F. Ayant couvert
l'activité, nous avons battu en retraite rapidement. En quittant la zone, Lynn me rendit l'appareil afin que je remplace le film exposé. J'ai appuyé sur le bouton de
relâchement, attendant le son familier du film qui se rembobinait. Hélas, rien ne se produisit. J'essayai encore, toujours sans succès. J'avais mal chargé le boîtier
la première fois et le film n'avait pas avancé pendant que Lynn photographiait les servants des canons en action. Nous avions brûlé l'objectif et il n'était bien entendu
pas question d'y retourner. Un peu plus tard, Lynn me pris à part pour une petite conversation. Il me montra la bonne procédure de chargement d'un film. "Tu dois tourner la
manivelle de la bobine manuellement jusqu'à ce que le film soit tendu et ensuite tirer une ou deux photos. En faisant cela, tu dois regarder la bobine d'alimentation pour
voir si elle tourne." Heureusement, le KS-19 n'était pas un nouveau système d'armes - loin s'en faut - et nous n'avions pas perdu d'informations vitales. Ainsi, une
bonne leçon fut apprise sans autres conséquences que mon chagrin et mon embarras. Après cette débâcle, nous nous sommes
mis à la recherche d'un endroit sûr pour passer la nuit dans les bois près du terrain de Grossenhain, en suivant un parcours erratique afin de nous assurer que nous n'étions
pas suivis. Le matin suivant, nous avons prudemmment pris le chemin d'un point d'observation préliminaire proche de l'aérodrome pour y attendre quelque activité. Malheureusement,
il n'y eu pas de vols, aussi avons nous mis un terme à notre mission et sommes nous rentrés à Potsdam.
Problème personnel
Après mon entraînement (OJT), je fus considéré suffisamment compétent pour diriger des missions de reconnaissance seul. Selon la procédure normale, la période de
rôdage qui suivait le OJT était structurée et les objectifs très sensibles n'étaient pas prévus tout de suite au programme. La couverture des activités
aériennes n'était cependant pas particulièrement risquée si toutes les procédures concernant la sécurité étaient suivies et que l'équipe restait sur ses gardes.
Le temps passant, il devint clair que j'avais un problème personnel. Je n'étais tout simplement pas capable de réaliser correctement la mise au point lorsque
j'utilisais le téléobjectif soviétique MTO-1000 illustré ci-contre. Le Teleob'ektiv Maksoutov, le premier objectif à miroir de 1000mm au monde, avait gagné
le Grand Prix lors de l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958. Etant à la fois volumineux et lourd (4kg), il était très difficile à utiliser. Il fallait
s'entraîner pour apprendre comment garder la mise au point sur un avion en mouvement. A tel point que le Lieutenant Colonel Dave Colgan, commandant de l'Equipe Air,
me convoqua un jour au début du printemps 1972. Il m'informa qu'il avait pris pour moi un rendez-vous chez l'occuliste. Peut-être avais-je besoin de nouvelles lunettes?
Les examens démontrèrent que mes verres étaient adaptés, ma vision corrigée étant de 20 sur 20. Le problème était ailleurs. Je discutai longuement de ce dernier avec le
Sergent Nick Netter qui trouva la solution : "Je sais quel est ton problème! Tu es trop loin des cibles. Je ferai en sorte de nous rapprocher pour que tu puisses
faire la mise au point correctement." Ainsi, mon problème personnel disparut. Mes efforts dans la collecte de l'information ainsi que ma confiance en ma capacité à
réaliser ce travail s'améliorèrent en même temps. L'apparition du téléobjectif Nikon de 1000mmm parmi la gamme d'objectifs de l'Equipe Air fut également un élément
déterminant dans l'élimination de mon problème personnel... Avec le temps, mes équipiers et moi-même avons souvent bousculé les règles pour nous approcher très près
des objectifs et quand le jeu en valait la chandelle, nous avons brisé les règles sans pour autant être indûment imprudents et téméraires. Nous sommes sans aucun doute
devenus à la fois plus audacieux et plus astucieux et les résultats obtenus par la suite le démontrèrent.