Le drapeau du 23è Régiment d'aviation à long rayon d'action de la garde (23.GAP DD)
dont était issu le 239.OGVP photographié à Brandis au cours des années 60. © DR. Ce régiment remplaçait dans l'ordre de bataille général du GFSA l'inexistence d'un second régiment de transport de theâtre sur avions de transport tactique auprès de la 16.VA. Il était d'ailleurs placé sous le contrôle direct de cette dernière. C'est en novembre 1959 que le 239.OGVP quitta Siauliai en Lithuanie pour prendre ses quartiers en Allemagne de l'Est à Fürstenwalde. Le régiment mettait alors en ligne des Mi-4 "Hound". Il se déplaça ensuite à Brandis en 1962, où des Mi-6 "sans suffixe" rejoignirent les rangs de l'unité cette même année. Le régiment participa à l'opération "Danube" en 1968 (l'invasion de la Tchécoslovaquie). Les derniers Mi-4 quittèrent Brandis en 1971, tandis que les nouveaux Mi-8 faisaient leur apparition en 1969. Quant aux Mi-6, ils cédèrent progressivement la place aux Mi-6A vers 1971. L'unité déménagea finalement à Oranienburg à partir de 1977. Le Mi-6A, apparu en 1971, jouissait d'une cellule ayant une durée de vie accrue ainsi que d'une avionique améliorée. Le pilote automatique AP-31 du Mi-6 (le même que celui du Mi-4) était si inadapté que son utilisation était tout simplement interdite... La version "A" bénéficiait d'un nouveau pilote automatique AP-34 efficace. Le circuit hydraulique avait aussi été modifié et les ailes à indicence variable du Mi-6 (le pilote réduisait l'angle d'attaque de ces dernières lors d'un atterrissage en autorotation) étaient désormais fixes. Mi-6 et Mi-6A étaient considérés comme deux hélicoptères différents et les deux versions se cotoyaient rarement au sein d'un même escadron. Il n'existait toutefois pas de différence externe entre les deux variantes, du moins à première vue. Le Mi-6 emportait en soute un groupe auxiliaire mobile AI-8 (ci-dessus, à gauche) afin de pouvoir démarrer de manière autonome en campagne. Ce système fut monté à demeure sur la face interne de la porte en demi-coquille gauche de la soute des Mi-6A. Ainsi, ceux-ci disposaient-ils de deux orifices circulaires percés dans cette porte respectivement pour le radiateur d'huile et la sortie d'échappement de la turbo-génératrice du groupe AI-8. Les dernières séries du Mi-6 furent néanmoins équipées avec un groupe AI-8 fixe, ce qui rendait leur identification externe cette fois totalement illusoire. Le Mi-6A pouvait transporter en soute jusqu'à 90 hommes de troupe (65 auparavant) ou emporter sous élingues une charge de neuf tonnes (schéma du crochet démontable avec son guide et la trappe de plancher, ci-dessus à droite). Grues volantesQuelques Mi-10 "Harke" ont été observés et photographiés en RDA. Malheureusement, peu d'informations fiables et concrètes ont filtré à leur sujet. Témoignages et photos font état de leurs présence à Brandis pour une courte période à partir de la fin des années soixante - certains parlent de 1968, d'autres de 1965. Tandis que leur incorporation au sein du 239.OGVP est quasiment certaine, leur présence à Brandis est des plus logique d'un point de vue logistique (3). Le Mi-10 avait en effet été développé sur la base du Mi-6, avec lequel il partageait un maximum de composants dont ses rotors, leur système de transmission et ses deux moteurs Solovyev D-25V de 5500 cv. Un témoin se souvient : "En 1971 ou 1972, j'ai vu trois machines à Brandis. Elles étaient toutes équipées de la plateforme de transport. Elles étaient parquées à l'extrémité du terrain en direction d'Altenbach. Un fuselage de MiG-21 se trouvait près du hangar de maintenance. Il paraît que ce MiG-21 était utilisé pour l'entraînement au chargement des Mi-10" (4). Outre quelques Mi-10 "Harke-A" (soit la version initiale, différente du Mi-10K "Harke-B" à train raccourci) de transport, au moins une machine spéciale a été photographiée en RDA. Une version expérimentale destinée au repérage des émissions radio adverses fut en effet développée en 1966. Cette dernière, désignée Mi-10GR Grebechok (Crête de coq) emportait un conteneur ventral et deux antennes déployables à l'avant et à l'arrière de ce dernier, logées dans des carénages en forme de dé à coudre. Ces carénages qui abritaient une antenne associée au système Grebechok, semblaient similaires à ceux de l'antenne déployable du Mi-8R dont trois ou quatre exemplaires ont été identifiés en RDA au cours des années 80 (> Lien). Rien d'étonnant à cela, puisque cette variante du Mi-8 emportait un système Grebechok-5. Il semblerait qu'un seul Mi-10GR ait jamais existé. Jusqu'à récemment, l'unique photo connue d'un tel appareil - ci-dessus, à droite - faisait partie d'une série qui fut prise en RDA par un officier de la USMLM en 1968. Il n'existe malheureusement pas de témoignage d'origine soviétique quant au passage de cet hélicoptère particulier en Allemagne de l'Est (5). Quant aux Mi-10 de transport, il quittèrent définitivement Brandis en 1972 ou 1975 pour rejoindre le centre de maintenance (ARZ) de Konotop. Les derniers Mi-10 opérationnels furent retirés de l'inventaire des VVS en 1989. Des Mi-6 polyvalentsAfin d'accroître la mobilité des forces de missiles, une étude visant à transporter des fusées sol-sol à bord de Mi-6 appelés Mi-6PRTBV (Podvijnaya Raketno-Tekhnitcheskaya Baza Vertoletnogo tipa ou base technique mobile de missile héliportée) fut lancée en 1960. Les Mi-6PRTBV avaient la soute aménagée avec un treuil adapté au chargement du missile et des points de fixation supplémentaires pour maintenir le projectile. Il était possible d'emmener des missiles tactiques à courte portée tels que des "Scud" ou des têtes de missiles stratégiques vers les sites de lancement. La mise en service de ce vecteur spécialisé n'aboutit cependant pas. Un autre concept consistait à transporter les missiles avec leurs rampes de lancement vers des sites inaccessibles afin de créer la surprise. Pour cela, il était nécessaire de créer des lanceurs de taille réduite et autonomes. Les premiers essais furent menés sur base d'un système 9K52 Louna-M "FROG-7" qui, une fois adapté, fut rebaptisé 9K53 Louna-MV (V pour Vertoletniy ou hélicoptère). Le système 9K72 El'brous SS-1C "Scud-B" et son missile R-17 / 8K14 firent ensuite l'objet d'une modification similaire, prenant alors la désignation 9K73 (missile R-17V / 8K114 et lanceur adapté autonome 9P114). Un seul Mi-6 aurait été modifié pour assurer le transport de ces complexes expérimentaux. Ce dernier reçut alors la dénomination de Mi-6RVK (Raketno-Vertoletniy Kompleks ou complexe missile-hélicoptère). Les tests menés par l'armée en 1965 avec deux systèmes 9K73 ne furent cependant pas concluants et aucune suite opérationnelle ne sera donnée à cette expérience. Mais le simple transport de missiles resta d'actualité comme l'illustrent les photos ci-dessus à gauche et à droite. Celles-ci furent prisent en 1989 dans la région de Wittenberg dans le cadre d'un exercice "Monsun" de transport rapide d'un missile, en l'occurence une fusée R-17 - dépourvue de tête explosive - délivrée par un Mi-6A du 239.OGVP à une unité de la NVA (> Lien). Les Mi-6 commencèrent à être modifiés au cours des années soixante-dix afin de pouvoir larguer des parachutistes. Des câbles pour y accrocher les lignes statiques des parachutes furent installées dans la soute cargo. Soixante et un paras pouvaient prendre place à bord d'un Mi-6A aménagé avec des sièges repliables (ci-contre, à droite). Les "Hook" du 239.OGVP se rendaient sur différents aérodromes ou terrains de manoeuvres, dont celui de de Redlin, près du polygone de tir de Retzow, pour embarquer et larguer les parachutistes des Brigades autonomes d'assaut aéroporté. Les portes latérales de la soute s'ouvrant vers l'extérieur, il était impossible de les ouvrir ou de les garder ouvertes en vol. Il était donc nécessaire de démonter les portes latérales arrières avant les séances de saut. Une structure tubulaire repliable bloquait l'ouverture lors des vols de transit. Les portes étaient ensuite remontées en place à la fin des vols. Afin de pallier à cet inconvénient, de nouvelles portes s'ouvrant vers l'intérieur furent mises au point. On les reconnaissait aisément car elles étaient dépourvues de hublot et n'étaient pas au même niveau que les flancs du fuselage.
En version d'évacuation sanitaire, le Mi-6 emmenait 41 brancards et des équipements médicaux de soutien grâce à un aménagement adapté (ci-contre). De plus, il y avait deux espaces de stockage disponibles pour des bidons d'huile de 20 litres sur la face interne des portes en forme de demi-coquilles fermant la soute. Il était possible d'enlever ces différents équipements en unité pour utiliser ces "Hook" en version cargo (et vice versa). L'aménagement de base d'un Mi-6TZ (modification des câblages électriques, tuyauterie additionnelle etc) devait cependant se faire en centre de maintenance (ARZ). Selon le témoignage de Valeri Belitchenko, pilote de Mi-6/A au 239.OGVP de 1983 à 1989, il n'y avait pas de Mi-6TZ à Oranienburg pendant sa période d'affectation à l'unité. Mais si les Mi-6TZ standards ne différaient pas de leurs collègues transporteurs extérieurement, le Mi-6A n°01 (c/n 0601V) qui était basé à Oranienburg au début des années quatre-vingt-dix sortait quant à lui de l'ordinaire. L'examen des différentes photos de cette machine qui sont consultables dans la galerie photo - pour laquelle figure un lien au bas de cette page - et ci-contre, révèle la présence d'une tuyauterie externe de couleur jaune sous les portes latérales arrière, de chaque côté du fuselage. Ces tuyauteries étaient reliées à un groupe de réservoirs internes sous le plancher du Mi-6 - donc faisant partie des onze réservoirs standards internes équipant tout Mi-6 de transport. Ces canalisations permettaient de raccorder ces réservoirs aux pompes de ravitaillement des véhicules, offrant ainsi une capacité de stockage supplémentaire à cet ancien Mi-6TZ-SV. Les réservoirs externes des Mi-6 étaient également utilisés en soute
pour ravitailler les véhicules (Mi-6TZ) ou afin d'augmenter l'autonomie de l'hélicoptère. Ces réservoirs, montés sur un bâti adapté, étaient aisément démontables comme illustré
ci-contre. © C.Brent. notes
(1)
Lorsque ce régiment est arrivé en RDA en 1959, il prit la désignation de "Régiment d'hélicoptères de la garde."
C'est en 1960 que fut adoptée la désignation définitive du régiment.
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