La principale mission en temps de paix des appareils du 226.OSAP consistait à effectuer des vols de liaisons et de transport, de personnes comme de fret, au profit de l’ensemble des forces russes en Allemagne. Cependant, certains appareils du 226.OSAP ne pouvaient manquer d’attirer l’attention d’observateurs avertis. Les bulbes, antennes ou autres carénages diélectriques inhabituels indiquaient, du moins théoriquement, d’autres fonctions que celle de simple appareil de transport. Ainsi, la flotte d’Antonov An-12 du 226.OSAP, constituée pour sa dotation fixe de quelque dix-huit An-12A/B/BP “Cub-A” de transport standard, a-t-elle compté, au début des années 90, deux appareils légèrement différents de leurs congénaires en raison de la présence d'un carénage d'antenne supplémentaire. Les An-12 standards du 226.OSAP arboraient sous leur fuselage, au niveau de l'avant du carénage de train d'atterrissage, un petit carénage en forme de goutte d'eau. Ce dernier abritait vraisemblablement l'antenne d'un radiocompas ARK-UD, lequel venait en supplément du radiocompas ARK-11. Or, les bort nomer 84 et 96 avaient quant à eux deux de ces carénages (voir photo ci-dessus).
Deux canons Afanasyev-Makarov AM-23 armaient la tourelle des An-12. L'antenne du radar de tir
Gamma-547 était située au-dessus. Ces tourelles étaient toujours inoccupées. © H.Mambour. Outre le lance-leurres destiné à créer de faux échos radar, les 27 appareils convertis aux standards PP disposaient d'un système de brouillage électronique automatique également logé dans la queue, qui détectait les émissions radar ennemies, déterminait leur zone de provenance et envoyait des signaux perturbateurs dans leur direction. Opérant comme simple avion cargo en Allemagne, dépourvu d'équipements spécifiques en soute - mais y en avait-il dans cette version du "Cub"? - et l'orifice d'éjection des leurres semblant avoir disparu, il est fort probable que cet avion avait été débarassé de ses installations de guerre électronique (1). Enfin, il convient de mentionner l'An-12VKP qui aurait selon toute vraisemblance servi au sein du 226.OSAP jusqu'à un atterrissage malencontreux à Mahlwinkel durant l'hiver 1991-92 (voir la page An-12VKP). La base de Sperenberg a d'autre part régulièrement accueilli, jusqu’en 1994, des appareils spéciaux venus en transit ou assurant de simples missions de transport. Pour sa part, la flotte d’Antonov An-26 “Curl” du 226.OSAP, aux livrées tantôt civiles (blanches à parements bleus, en fait la livrée Aeroflot de base) tantôt militaires (gris clair intégral), comptait dans ses rangs trois machines dont les missions étaient, sans ambiguité aucune, de nature électronique. Il s’agissait de deux An-26RT ou RTR “Curl-B” et d’un An-26KPA (Kontrolno-Poverotchnaya Apparatoura - equipements de contrôle et de calibration), également désigné An-26 Kalibrovchtchik. L'An-26KPA du 226.OSAP semblait être une version simplifiée de cette machine spécialement instrumentée pour réaliser la calibration des systèmes d’approche des aérodromes. En ce qui concerne les An-26RT, je vous invite à lire le texte qui s'y rapporte dans le septième partie du chapitre "Reconnaissance et Guerre Electronique" > Lien. Le samedi 16 avril 1994, la plupart des hélicoptères du 226.OSAP, accompagnés par quelques hélicoptères du 113.OSAE, quittaient leur base d’attache pour Gross Dölln d’où, le 18 avril, ils partaient pour Kalouga, un aérodrome situé à 200 kilomètres au sud-ouest de la ville de Moscou. La semaine du 18 au 22 avril 1994, leur mission achevée, une partie des avions de transport tactique de théâtre An-26 “Curl-A”, un An-24B “Coke” ainsi qu’un An-26RTR quittaient définitivement Sperenberg, laissant en arrière garde le reste du régiment en attente de son évacuation finale prévue pour le mois d’août 1994. Les derniers appareils du 226.OSAP partirent ensuite au compte goutte et au fur et à mesure de l’extinction des besoins en avions de transport. Ce retrait progressif culminait le 6 septembre 1994 par le départ des derniers An-12 du régiment. La plupart des voilures fixes du 226.OSAP sont ensuite restées en service au sein de cette même unité à Koubinka. Ce n’est toutefois pas à l’un de ces appareils qu’allait échoir l’ultime envol d’un avion militaire russe à partir de Sperenberg puisque ce jour-là la ligne de vol recelait pas moins de six An-12, un Tu-154B-2, cinq Il-76, six An-22 et trois An-124 ! Et, c’est finalement le 9 septembre qu’intervenait le décollage de l’Il-76MD “Candid” immatriculé RA-86833 qui, en une dernière navette vers l’aérodrome civil proche de Berlin-Schönefeld, emportait les tout derniers personnels et bagages de ce qui fut longtemps la plus forte concentration de forces militaires de l’après-guerre en Europe, nous avons nommé le ZGV. Une page d’histoire était définitivement tournée.
notes
(1)
Sans doute s’agissait-il tout simplement d’un ancien An-12PP reconverti en avion de transport. Une pratique étonnante à première vue mais courante dans les VVS.
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