DE L'AIRACOBRA AU MiG-29
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Tandis que je préparais cet article consacré aux chasseurs du District de Rostov, j'ai rencontré
le Colonel Sergey Anotolievitch Jivotov, commandant du groupe aérien de Millerovo qui m'a accordé
une courte interview (2010).
Je suis convaincu que les beaux jours sont de retour
AP: Sergey Anatolievitch, la réorganisation des Forces armées de la Fédération de
Russie a amené d'importants changements dans la structure des VVS. Jusqu'à il y a encore peu de
temps, vous étiez le commandant du 19ème Régiment aérien de chasse de la garde et vous voilà
maintenant commandant d'un groupe aérien. Parlez-nous des différences principales dans la manière de
diriger une unité aérienne dans le cadre de la nouvelle structure.
SA: Si vous comparez la structure existant avant août 2009 et la mise sur pied
de la 6972ème Base aérienne de la garde de première catégorie "Baranovitchi", décorée de l'Ordre du
drapeau rouge et de l'Ordre de Souvorov de troisième classe, et notre ancien groupe aérien de
Millerovo [soit le 19.GvIAP] qui est devenu l'un des éléments constitutifs de la nouvelle structure [soit la 6972.AB],
tout a changé. Le contrôle de l'aérodrome et de toutes les unités de support qui y sont stationnées
a été transféré sous l'autorité d'une seule personne. Lorsque le régiment d'aviation traditionnel
existait encore, en tant que commandant, je m'occupais uniquement de ce dernier sans avoir un contrôle
direct sur les unités de support. Le commandant de la base traitait la logistique, le bataillon de
communications gérait les équipements d'éclairage et de communications, tandis que les militaires
spécialistes des radars en avaient la responsabilité.
Il s'agissait d'une entité composée d'une structure complexe dont les différentes branches devaient
interagir entre elles. Désormais, tout est inclus dans un groupe aérien d'un nouveau type. Le
commandant est seul et tous les autres responsables sont ses députés. Cela a créé de nouvelles
difficultés puisqu'il n'était pas nécessaire de traiter des questions de logistique auparavant.
Il faut connaître les spécificités de chaque spécialité. Il est clair que les gens doivent faire des
efforts pour s'adapter aux changements, à la rapidité dans la prise de décisions et leur exécution.
Nous faisons des exercices aériens selon de nouvelles normes afin de rôder le système. Avant la
réorganisation, chaque commandant menait ses exercices séparément sans prendre en considération
les prérogatives des autres branches du groupe aérien. Maintenant que le commandement global ne
dépend plus que d'une seule personne, des étapes superflues dans la chaîne de commandement ont
disparu, rendant le processus de prise de décision plus rapide.
La Base Aérienne 6972 est composée de quatre escadrons.
Deux escadrons de MiG-29 sont basés à Millerovo (ancien 19.GvIAP) et deux escadrons de Su-27 sont
stationnés à Krymsk (ancien 3.GvIAP).
Un nombre important des MiG-29 de Millerovo sont d'anciennes machines du 31.GvIAP de Zernograd
(Falkenberg auparavant) qui a été dissous. Quelques-un de ses "Fulcrum" sont partis en usine de
réparation (ARZ).
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AP: Le 19.GvIAP était le prédécesseur du nouveau groupe aérien. Avez-vous conservé
les traditions du regiment de la garde que nos vétérans avaient créées durant la Grande Guerre patriotique?
SA: Bien entendu. Le groupe aérien a été créé avec trois régiments : les 19ème, 31ème
et 3ème régiments de la garde. Leurs traditions ont été intégrées dans la nouvelle structure qui est ainsi
appelée : Base Aérienne de la garde "Baranovitchi", décorée de l'Ordre du drapeau rouge et de l'Ordre de
Souvorov de troisième classe (1).
AP: Comment les vétérans du régiment ont-ils réagi devant la disparition de leur 19ème
GvIAP en 2009?
SA: Le régiment n'a cessé d'exister que sur le papier. Tout le personnel volant ou technique
qui était avec nous pendant toutes ces années est resté et forme l'épine dorsale du nouveau groupe aérien.
Avant tout grâce à mon second chargé de l'enseignement, le Major Vyatcheslav Lavrenkov, les officiers d'active et les
vétérans du régiment ont accueilli le changement avec compréhension. Le 17 janvier, date anniversaire de la
création du régiment, a été conservé comme jour férié. Les vétérans résidant dans la région restent nos
invités d'honneur lors de cet anniversaire ainsi que lors de la journée des Forces armées (le 23 février).
Tout un chacun a salué le fait que désormais le régiment est équipé de sa dotation complète d'appareils.
Il serait absurde de cacher qu'auparavant, la situation du parc aéronautique était tendue. Bien
que nous ne manquions pas d'avions, leur condition ne permettait pas nécessairement d'utiliser leur plein
potentiel opérationnel. Désormais, après les différentes mesures prises dans le cadre de la réorganisation,
tout l'équipement est 100% opérationnel. Nos MiG-29 sont entrés en révision au cours des dernières années.
Lorsque les ultimes cellules seront de retour, notre effectif sera complet. Vous avez pu voir par vous-même sur
l'aérodrome de nouvelles machines qui sentent encore le peinture fraîche et qui ont subi une révision complète
afin d'étendre leur durée de vie pour encore de nombreuses années.
A l'heure actuelle, nous remplissons les conditions qui permettent à une unité d'être constamment prête au combat.
Il y a longtemps que cela n'avait plus été le cas. L'entraînement des pilotes et l'intensité des vols reflètent
la nouvelle situation. Nous volons quatre fois par semaine. Pour quelques raisons objectives, nous ne pouvons pas
organiser deux sessions par jour, mais je pense que nous allons passer à ce rythme opérationnel en avril [2010].
Ainsi, le niveau d'expérience du personnel volant augmentera aussi bien sur le plan individuel que sur le plan
collectif. Celui des personnels techniques et logistiques fera de même. Il y a aussi des problèmes.
D'abord, nous n'avions pas l'habitude de fonctionner de cette façon et cela a un impact certain sur la moral
du personnel. Les jeunes lieutenants et capitaines n'avaient jamais été confrontés à une telle charge de travail
de manière régulière. Ils quittent l'école avec seulement 70 à 80 heures de vol. A titre de comparaison,
j'avait 275 heures de vol quand j'ai été diplômé et cela n'était pas considéré comme indicateur d'un certain
niveau.
Mais je suis convaincu que les bons jours sont revenus. Les pilotes volent maintenant en moyenne 80 à 100
heures par an et ce chiffre va encore augmenter. Aussi, les différents scénarios ne seront plus étudiés
seulement au sol, mais répétés en vol.
L'adresse et l'expérience en bénéficieront. Pour en revenir au personnel jeune, je peux dire que ceux qui
choisissent l'aviation n'ont pas besoin d'être poussés et notre travail est de les diriger et de corriger
leurs erreurs. On ne peut éviter les erreurs, mais l'aspiration et le désir de voler sont énormes.
En ce qui concerne les avions que nous utilisons, le MiG-29 pardonne beaucoup et il est possible d'assimiler
ses caractéristiques rapidement. Cet avion vole très bien et ne présente pas de problème particulier.
Nous avons parmi nous deux jeunes pilotes qui sont arrivés en 2008, les lieutenants Aleksey Selivanov et
Sergey Vaytenko. Ils ont quitté le groupe d'entraînement il y a peu de temps et ils volent déjà aux
instruments en solo par mauvais temps.
AP: Aujourd'hui s'est déroulé une journée de vol inhabituelle. Parlez-nous de ce qui
s'est passé sur l'aérodrome et dans les cieux au-dessus.
SA: Nous avons mené à bien un exercice avec le premier escadron de Krymsk et le premier
escadron de notre groupe. Il y avait un an et demi à deux ans que de tels exercices n'avaient
plus eu lieu. Maintenant que nous opérons dans une nouvelle structure, nous devons affiner nos procédures
et entretenir l'esprit de compétition. Cela a toujours été dans le sang des pilotes de chasse qui sont
par nature des battants. Si je dois commenter les résultats d'aujourd'hui, je dirai que tout s'est bien
déroulé. Les pilotes voulaient montrer depuis longtemps ce dont ils étaient capables. Ils attendaient ce
jour avec impatience. Et puis, il est toujours plaisant de rencontrer ses camarades dans le ciel, même
si ces derniers se présentent sous la forme d'adversaires. Comme je l'ai déjà mentionné, notre groupe
a été confronté aux Su-27 de Krymsk. Sur le papier, nous sommes un seul organisme, mais nous [la 6972.AB]
sommes en fait basés sur deux aérodromes. Les pilotes se sont préparés chacun de leur côté pour cet
exercice qui s'est révélé être utile pour nous tous et le plus fort l'a remporté. Je ne veux pas ensancer
exagérément nos équipages, mais il n'y a pas eu d'erreur significative dans aucun camp. Il n'y a pas
eu non plus d'indisponibilité technique. Les Major de la garde Andrey Aksenov et Konstantin Perikov
ainsi que le Capitaine de la garde Aleksandr Salov ont réussi à abattre les adversaires en temps voulu.
Nous ressentions un peu d'appréhension en ce qui concerne le matériel qui sortait juste de révision,
mais les techniciens ont parfaitement préparé les machines et nous devons aussi reconnaître leur valeur.
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L'auteur tient à remercier le Lieutenant-Colonel Vladimir Drik, attaché de presse au service de presse
et d'information du Ministère de la défence de la Fédération de Russie, ainsi que le Major de la
garde Vyatcheslav Lavrenkov, commandant en second du Groupe aérien pour l'enseignement, pour l'aide
apportée dans la préparation de cet article.
NOTES
(1)
La Base Aérienne 6972 fut mise sur pied à Krymsk et l'aérodrome de Millerovo est compris dans cette structure.
Le nom "Baranovitchi" a été hérité du 209.GvIAP, une unité dissoute qui fit mouvement d'Astrakhan vers Krymsk
pour y être combinée avec le 562.IAP local et redonner ainsi naissance au 3.GvIAP en 2002.
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