Le rapport de la Mission Militaire de Liaison américaine - USMLM (voir > liens) pour 1988
soulignait une augmentation du nombre des missions d'entraînement d'attaque au sol et des vols à basse altitude au-dessus des
champs de tir de Retzow et de Wittstock. Si les capacités air-sol du MiG-29 ont souvent été décriées par la presse
spécialisée occidentale, les observateurs de la USMLM présents eux sur le terrain ne semblaient pas de cet avis : "A chaque occasion,
le "Fulcrum" est apparu comme une plateforme d'attaque au sol extrêmement capable." Certains régiments mettaient d'ailleurs
en ligne une poignée d'appareils auxquels avaient été ajouté des teintes de camouflage
vertes. Le 773.IAP de Damgarten, possédait même quelques MiG-29 porteurs d’un camouflage tactique de type “wrap around”
constitué de deux
curieux tons de vert. Une rumeur non vérifiée fait état de la présence d'une machine couleur sable qui était affectée
au 73.GvIAP de Köthen.
Quelques appareils du 968.IAP d'Altenburg (uniquement des modèles 9-12 et
9-51) arboraient sur le côté gauche du nez l'emblème du 3.IAK (Corps aérien de chasse), une unité formée
le 10 décembre 1942 et intégrée à la 16.VA en novembre 1944. Cette unité comptait dans ses
rangs les 278è et 265è IAD, dont faisait partie le 402.IAP. Ce régiment changea de numéro
en 1949 pour devenir le 968.IAP. © H.Mambour.
Some aircraft of the 968.IAP from Altenburg (curiously 9-12 and 9-51 models only) had the
3rd IAK (Fighter Air Corps) emblem painted on the left side of their nose. The unit was established on 10
December 1942 and was incorporated into the 16.VA in November 1944. 3.IAK was composed of
the 278th and 265th IAD. The latter division had the 402.IAP under his command. 402.IAP
number was changed in 1949 and the unit became the 968.IAP. © H.Mambour.
Les MiG-29 ”Fulcrum” de la 16.VA étaient de trois modèles. Si, à l'origine, les ”Fulcrum” de type A, modèle désigné Article
(Izdelie) 9-12 dans la nomenclature de l’OKB-MiG, constituaient l'essentiel des MiG-29 mis en ligne, ils étaient, peu avant
l'unification allemande, partiellement remplacés par des ”Fulcrum” de type C ou Article 9-13. Cette nouvelle version se
caractérisait par un dos de fuselage beaucoup plus massif - d’où son surnom de Gorbatiy (Bossu) - abritant un réservoir de kérosène offrant
une capacité supplémentaire de 240 litres ainsi qu'un
système de contre-mesures électroniques Gardeniya-1FU dont les antennes étaient situes dans les saumons d'ailes modifiés.
L'apparition des ”Fulcrum-C” n’entraîna pas pour autant la disparition
des ”Fulcrum-A”. Ces derniers, souvent modernisés, restèrent en dotation, amalgamés à leurs frères de la génération ultérieure.
Parmi ces ”Fulcrum-A”, on pouvait encore discerner quelques rares exemplaires du type 9-12 issus des premiers lots de production,
reconnaissables à leurs quilles antiroulis additionnelles placées le long des fuseaux moteurs, juste à l’aplomb des stabilos.
Equipés à l'origine de gouvernails de direction de surface insuffisante, ces derniers avaient vu leur corde
augmentée et étaient ainsi similaires à ceux des versions ultérieures du Fulcrum.

Quelques semaines avant le départ du 33.IAP d'Allemagne, plusieurs appareils de l'unité dont le MiG-29UB
ci-contre, ont reçu un emblème régimentaire nouvellement créé qui fut appliqué à la base de la dérive gauche. Il s'agissait
d'une ancienne cocarde russe avec en son centre une silhouette de MiG-29 bleue, surmontée d'un bison rouge et d'une aile
stylisée. © H.Mambour.
A few weeks before the 33.IAP departure from Germany,
some aircraft of the unit received a newly created wing badge,
applied at the root of the left vertical tail. It was composed of an ancient Russian cokade with a blue MiG-29
silhouette in the center together with a red bison and wing. © H.Mambour.
De plus, chaque régiment de MiG-29 alignait pour la conversion opérationnelle de ses pilotes quelques MiG-29UB, biplaces
d’entraînement et de combat (Ouchebniy Boyevoï - UB) (1), ”Fulcrum-B” ou
encore Article 9-51.
Dépourvus du radar de détection embarqué N-019 "Rubis" qui équipe les versions monoplaces du “Fulcrum”, ces appareils étaient néanmoins
dotés de série du canon interne, des points d’emports externes sous voilure et du système optronique de recherche et de poursuite
standard du MiG-29 ce qui leur confèrait une certaine capacité opérationnelle.
Trois régiments, le 31. ”Nikopolskiy” GvIAP de Falkenberg, le 73. "Stalingradsko-Venskiy" GvIAP de Köthen et
le 85. ”Sevastopolskiy” GvIAP de Merseburg
étaient des régiments dits de la Garde (ou Gvardeiskiy Istrebitelniy Aviatsionniy Polk - GvIAP).
Une distinction à caractère
historique qui, dans la hiérarchie des titres et ordres militaires soviétiques, était la marque de reconnaissance la plus haute
dont puisse se prévaloir une unité de l’Armée rouge qu’elle soit terrestre, aérienne ou navale.
Attribuée à précisément 247
régiments, 53 divisions et 14 corps d'aviation pour leur participation glorieuse aux combats de la Grande Guerre patriotique (un néologisme inventé par la
propagande stalinienne pour désigner la Deuxième Guerre mondiale et destiné à galvaniser combattants et civils soviétiques), cette
distinction consacrait l’appartenance à une véritable aristocratie militaire rouge qui entraîne encore aujourd’hui dans les
armées russe, biélorusse et ukrainienne, le respect d’une série de traditions et de prérogatives bien spécifiques.
C’est ainsi que les officiers d’une unité de la garde sont autorisés à en faire mention après l’énoncé de
leur grade devenant ainsi : colonel de la garde ou encore lieutenant de la garde, tandis que l'appartenance à ce
corps d’élite s'affiche sur la plupart des appareils (et même parfois véhicules) des régiments concernés par le port de son
emblème : une étoile rouge surmontée du drapeau de la garde et couronnée de palmes ornées des lettres cyrilliques C.C.C.P. -
acronyme de la désormais défunte Fédération des Républiques Socialistes Soviétiques (2).
L'emblème "Otlitchniy Samolet" (Avion Excellent) peint sur le nez de certains avions et hélicoptères signifiait que
l'équipe technique en charge de la machine était au-dessus de la moyenne.
Ce type de badge existait sous des représentations différentes
dans presque chaque force aérienne du pacte de Varsovie. © H.Mambour.
The badge "Otlichniy Samolet" (Excellent Aircraft) was painted on the nose of aircraft and helicopter of which the technical team
performed above average. Different reperesentations
of such a badge existed in almost each Warsaw Pact air force. © H.Mambour.
De surcroît, ces unités sont intégrées
dans une nomenclature numérique particulière reflétant par arme (Armée de terre, Aviation, Marine), par niveau (corps, division,
régiment etc.) et par spécialité (chasse, bombardement, etc.) leur ordre d’admission dans la garde. Un exemple parmi d’autres,
c’est en devenant, en date du 21 novembre 1942, le 31ème régiment de chasse des VVS à rejoindre les rangs de la garde que le
243.IAP prenait sa désignation actuelle de 31. (“Nikopolskiy”) GvIAP. A remarquer, les 6. ”Donetskaya i Segedskaya” de Merseburg et
16. ”Svirskaya” GvIAD de Damgarten - ainsi nommées pour des combats glorieux menés dans les régions du Donets, de Segued et de
la Svir - étaient des divisions de la garde (ou Gvardeiskaya Istrebitelnaya Aviatsionnaya Diviziya - GvIAD) bien que certains de
leurs régiments constitutifs n'en aient jamais fait partie (voir > Ordre de bataille 16.VA).
Enfin, il convient de signaler que les 33 et 787.IAP portaient sur leur drapeau la mention "PVO"
(Protivovozdouchnaya Oborona - Défense anti-aérienne).
Il s'agissait d'un héritage de la guerre - ces unités étaient alors désignées 33 et 787.IAP PVO -
et non pas de la qualification d'une spécialisation des régiments concernés.
Selon les archives disponibles, deux autres unités de la 16.VA devaient porter la même
appellation : les 35 et 833.IAP. Toutefois, si les drapeaux des deux premières unités citées ont pu être observés (voir >
Traditions), nous ne disposons pas de preuve formelle en ce qui concerne ces deux derniers régiments.
notes
(1) La transcription en lettres latines de mots russes écrits en alphabet
cyrillique oblige souvent à les adapter à une
prononciation française qui diffère de la graphie internationale couramment adoptée par les ouvrages de référence
(encyclopédies, atlas, dictionnaires etc.). C’est encore plus vrai pour les mots du vocabulaire aéronautique que d’aucuns,
par facilité ou ignorance, s’évertuent à transcrire à l’anglaise - Sukhoi pour Soukhoï, Ilyushin pour Iliouchine etc. -
au risque de les rendre imprononçables ou de prêter à confusion. Acceptons toutefois par convention d’écrire Su-17 plutôt
que Sou-17, MiG-29UB que MiG-29OuB mais préférons Kalinine à Kalinin, Tchortkov à Chortkov ou encore Chtourmovik plutôt que
Shturmovik. Nous sommes francophones que diable!
(2)
Les lettres cyrilliques C.C.C.P. se traduisent en alphabet latin
par S.S.S.R., soit Soyouz Sovtchikh Sotsialistchechikh Respoublik, ce qui se traduit en français par : Union des Républiques
Socialistes Soviétiques ou en abrégé U.R.S.S.

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