RemarquesLe scénario soviétique est particulièrement dangereux et frôle le suicide. Il suppose que la/les batteries ne se sont pas repositionnées à partir de "rumeurs de conflit". En effet, de nombreuses répétitions sur maquette (par exemple) pour la préparation de la mission où les obstacles et la configuration du terrain interférant avec les vols auront été présentés et longuement étudiés. Le déplacement des batteries bouleversent complètement la mission.
La préparation et le harcèlement préliminaire sont tout à fait dans la manière soviétique et reflètent la
doctrine d’emploi de leur matériel comme on le vit au Moyen-Orient ; elle dévoile aussi leur pensée et
ils estiment donc que les "Hawkistes" vont réagir comme les troupiers Soviétiques. Les officiers de tir Hawk
(TCO - Tactical Control Officer), malgré l’automatisme des moyens doivent être en mesure de "flairer" le mauvais coup.
Dans les systèmes d’armes modernes où les décisions tactiques sont "suggérées" par un calculateur, cette
capacité humaine est sans doute dépréciée. La faiblesse des Hawk, c’est à dire "un avion par radar de conduite de tir" était
commune à tous les systèmes au monde depuis le SCR-584 en 1943 ! Les Hawk de Raytheon avec deux radars de tir
par batterie offrent donc une parade sans doute insuffisante mais supérieure à tout autre moyen de
défense aérienne alors en service. Il faudra attendre les modifications PIP-III et l’avènement de
calculateurs suffisamment miniaturisés (traitements de signaux) pour que les radars IHPIR (Improved High Power Illumination Radar))
puissent poursuivre et mener des tirs sur 6 objectifs (1)
simultanément (mode Low-Altitude Simultaneous Hawk Engagement - LASHE). Notons que les Nike avaient résolu le problème des attaques
saturantes en armant les Nike-Hercules d’une charge nucléaire. Cette notion était restée d’actualité avec les Hawk, au moins dans les cartons !
On se souvient que les BCC (Battery Control Center) livrés par la SETEL en Europe avaient un réglage MBA (Minimum Burst Altitude)
jamais décrit dans les manuels et qui fut retiré vers 1970 lors d'une mise à jour technique. L’expérience FrançaiseTrois anciens comandants de batterie Hawk du modèle qui nous préoccupe (avant les Improved HAWK) pensent que l’assaut russe est suicidaire. Mais l’un des commandants de batterie qui fut en service sur la "barrière", bien que breveté TCO de l’ADA (Air Defense Artillery) de Fort Bliss, n’a pas souvenir d’avoir étudié cette configuration d’attaque nucléaire. Deux officiers supérieurs Hawk en étaient avertis et sont du même avis. L’un d’eux qui commanda un régiment Hawk écrit : « Sur le fond, rien de neuf : j'avais déjà étudié cette procédure d'attaque soviétique de saturation à l'école de Nîmes (vers 1964). Heureusement en 1983-85, lors de mon commandement - il était alors Colonel - le Hawk amélioré permettait d'y faire face. » Un autre Chef de Corps Hawk et officier breveté de tir ADA, écrit : « Je pense que cette attaque n'aurait pas été une totale surprise pour le commandement de l'OTAN, une tension y aurait été préalable et les unités Hawk, en particulier, auraient été mises en alerte en tir centralisé, mais sans exclure les initiatives locales ». Il ajoute : « Les unités sont en assistance réciproque et les capacités de tir sont optimisées de par le choix des emplacements des batteries, ce qui peut permettre de tirer deux, voire trois missiles sur une route d'avion détécté. » Instruction : Simulation et exercices avec les personnels navigants
Les deux simulateurs, l’AN/TPQ 21 puis après la modification "Improved Hawk", l’AN/TPQ 29
permettaient de simuler la manœuvre soviétique dans tous ses détails. Une différence majeure d’un
simulateur à l’autre était la possibilité de programmer toute la séquence sans avoir à "piloter"
manuellement aucun des objectifs et obtenir plus de rigueur dans l’évaluation des personnels testés.
Il permettait aussi de programmer toutes sortes de scénarios, de les mettre en mémoire et donc les
rejouer. Le scénario d'attaque nucléaire soviétique était un parmi bien d'autres que se posaient les armées
de tous les pays pouvant être confrontés à ce type de situation. ConclusionIl est tentant de dire que la défense aérienne de la « Barrière » était, en 1970, prête et à même de repousser l’envahisseur. D’autres, en d’autres temps ont sincèrement pensés qu’il ne manquait pas un seul bouton aux guêtres à leurs charges ! On sait la suite. Mais on ne saura jamais, heureusement, si les Hawk étaient vraiment « the best in the world ». © G.Dessornes Remerciements : ce document a été revu, critiqué et augmenté par mes camarades et amis "Hawk" qui ont bien voulu remettre leur casque et partager leur expérience. Merci, en particulier, à Messieurs Abrell (Col.Er), Balliot (Col.Er), Frémont (CE.Er), Picard (CE.Er), Marey (CE.Er) et Scavardo (Lt-Col. Er). notes(1) La dernière version IHPIR Hawk traite jusqu’à 12 objectifs. Un calculateur assiste le TCO pour le choix des menaces.
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