"Vers 1980, les forces de défence anti-aériennes du Pacte de Varsovie ont introduit dans le service un nouveau signal d'alarme
appelé "Jastreb" (faucon). Ce dernier signifiait au personnel concerné qu'un Lockheed SR-71A Blackbird du Det.4 de Mildenhall
était en approche. Jastreb devint ultérieurement le signal d'alarme standard pour tout objectif approchant à haute
altitude et grande vitesse.
Dans des circonstances normales, l'alarme était donnée quelques minutes avant que le SR-71, volant entre 20 et 25km d'altitude
et à une vitesse correspondant à 800 - 900 m/sec, ne rentre dans la zone des radars de surveillance et de guidage soviétiques et
est-allemands. Parallèlement, cette alerte était répercutée à Finow, d'où une patrouille de MiG-25PD du 787.IAP décollait
immédiatement. Les "Foxbat" s'approchaient de l'intrus en décrivant une large courbe qui les amenaient sur un cap parallèle
au "Blackbird", mais séparés de quelques kilomètres. Pour exécuter cette manoeuvre, une grande partie du sud et du nord du pays
devait être survolée. Sur les cartes de navigation militaires, le plan de vol des MiG-25 ressemblait à un grand cercle.
En fonction des conditions météorologiques, les SR-71 effectuaient une à deux missions hebdomadaires le long des frontières du Pacte de
Varsovie. Lors de manoeuvres militaires, la fréquence des vols pouvait atteindre deux missions par jour. Les SR-71 suivaient deux routes
standard pour effectuer leurs missions. L'approche de l'espace aérien de la R.D.A. se faisait depuis le Danemark. Au-dessus de Kiel, le vol se
poursuivait soit selon la route de reconnaissance n°2 (Aufklärungsstrecke 2) le long de la côte de la Mer Baltique jusqu'à Leningrad et retour,
ou suivant l'Aufklärungsstrecke 5, le long des frontières ouest de la R.D.A. De telles missions duraient normalement 60 minutes. La distance
qui séparait l'appareil de reconnaissance de la frontière pouvait varier aléatoirement; la très grande vitesse du SR-71 ne lui permettait pas en
effet de suivre avec précision le contour de cette dernière. Parfois, le "Blackbird" s'approchait à seulement quelques kilomètres dans le région
de Boizenburg (à l'est de Hamburg), voire même passait au-dessus! Si l'ordre d'abattre l'intrus avait été donné, les équipages des MiG-25 étaient parés! Cependant,
la nature routinière de ces missions n'a jamais provoqué d'escalade. Après quelques minutes de vol en compagnie du SR-71, les MiG-25PD
prenaient le cap retour, habituellement via la Pologne. Outre les "Foxbat", les batteries de SAM étaient bien entendu en alerte. Les paramètres
de tir pour un verrouillage de la cible et un tir au but nécessitaient néanmoins que le SR-71 se présente latéralement à la rampe de lancement,
afin de réduire l'altitude relative de ce dernier. Les troupes de défense anti-aérienne restaient en alerte aussi longtemps que le SR-71
restait à portée des moyens de détection soviétiques. (Extrait de l'article "Intercepting the blackbird",
publié dans AirForces Monthly, December 2004, avec l'aimable permission d'Alan Warnes, Chief Editor)
Le vol d'un SR-71 au-dessus de la Mer Baltique durait environ 30 minutes à une altitude
située entre 21 et 24 km. Le Blackbird faisait l'objet
d'interceptions aux approches des frontières de l'Union Soviétique (par des
Su-15 essentiellement, MiG-21 et MiG-23 n'étant pas à même d'atteindre cette cible).
Alors que le SR-71 entamait son retrait à 22 km d'altitude, un MiG-25 de Finow montait
à sa rencontre jusque l'altitude de 19 km et se plaçait derrière le SR-71 à 3 km avant
de faire demi-tour. Les contrôleurs aériens suédois qui ont pu assister à la scène sur leurs
écrans radar pendant les dix ans de présence des SR-71 en Europe, de 1979 à 1989,
étaient impressionnés par la précision et la constance de ces interceptions.
Paul F. Crickmore, expert reconnu du Blackbird a écrit :
"Cela laisse à penser qu'il s'agissait
des paramètres corrects pour que le système d'armes du MiG-25 parvienne à verrouiller
son objectif".
Intercepting the Blackbird
"Around 1980, the Warsaw Pact's air defence forces (PVO) introduced a new alarm call - Jastreb (Hawk). It meant that a
US Lockheed SR-71 Blackbird was approaching. Later on it became the standard alarm signal for all high and very fast flying targets.
"Under normal circumstances, the alarm call came several minutes before an SR-71 with its typical flight parameters at an
altitude of 12 to 15.5 miles (20 to 25 km), flying some 2,625 - 2,950 ft/sec (800 - 900 m/sec), entered the range of Soviet and
German Democratic Republic (GDR) radar air surveillance and radar guidance troops. In parallel, this alarm started action at
Finow-Eberswalde airbase, (in the former GDR), resulting in a MiG-25PD being scrambled from the 787 Fighter Regiment (787 IAP).
It took off and approached the intruder by flying a wide curve on a parallel course with a separation (between aircraft) of a few
kilometres. For this MiG-25 manoeuvre, the whole of either the northern part or southern part of the GDR had to be used. On all
military maps, the MiG-25's flight path was shown as a big circle.
"Depending on the weather situation, SR-71s flew reconnaissance missions once or twice a week along the Warsaw Pact border. During
military manoeuvres, flight frequency could rise to two missions per 24 hours. For all these SR-71 flights, there were two standard
routes. The aproach towards GDR air space was from Denmark. Over the West German city of Kiel, the flight path continued either
to Aufklärungsstrecke 2 (reconnaissance route 2) which was along the Baltic Sea coastline to Leningrad (now St Petersburg) and back,
or to Aufklärungsstrecke 5, along the GDR's western border. Such missions normally lasted some 60 minutes. The distance to the
border varied due to the aircraft's high velocity: it was unable to follow the exact border line. Sometimes a SR-71 closed up within a few
kilometres of the GDR's border in the area of Boizenburg (east of Hamburg) or just slipped over it!
"Had there ever been an order to shoot down the intruder, the MiG-25 crews would have been ready! But the routine (nature) of this event
never escalated to such a dramatic situation. After a short time flying alongside each other, the MiG-25PD headed home. The normal
flight back home to Finow was over Poland.
"Beside the airborne defenders, missile defence forces were also on alert. It would have been possible to destroy the intruder successfully.
But the parameters for a successful lock-on and shoot-down needed a slight lateral fly-by of the SR-71 to the missile's launch
ramp to reduce the extreme altitude. Troops from missile air defence forces were on alert for as long as the SR-71 was inside the
spectrum of Soviet radio monitoring troops."
("Intercepting the blackbird" from AirForces Monthly, December 2004 with kind permission of Chief Editor Alan Warnes)
The flight of a SR-71 above the Baltic Sea lasted around 30 minutes at an altitude of 70 - 80.000 feet.
While approaching Soviet borders, Su-15 interceptors were launched to meet him (MiG-21 and MiG-23 were not
up to it). As the Blackbird was leaving the area at 72.000 feet, a MiG-25 from Finow took off to reach precisely an
altitude of 63.000 feet, 1.6 nm behind the SR-71 before turning back home.
The precision impressed the Swedish ATC for the 10 years of Blackbird operations over the Baltic between 1979 and 1989.
Paul F. Crickmore, the aknowledged expert on the SR-71 wrote: "...This would seem to suggest that these were the
parameters necessary for its weapons systems to effect a succesful intercept if the order to fire was ever given. However
this, of course, will forever remain merely supposition."