En 1978, le MiG-27K participa aux essais du missiles antiradar Kh-27PS (AS-12 "Kegler") dont la prise en charge était assurée
par le pod externe Vyouga - détection et classification des émissions radar adverses, tandis que l'excellent missile
Kh-31P (AS-17 "Kripton") était adopté vers le milieu des années 80. Ce dernier nécessitait l'emport du conteneur de guidage externe
Progress, apparemment monté en position ventrale, en plus du Vyouga. Le Progress posait
cependant de nombreux problèmes et il était toujours en cours de développement lorsque la chute de l'Union Soviétique
entaîna l'abandon du programme (mais pas celui du Kh-31, toujours opérationnel en deux versions antiradar et antinavire).
Selon toute vraisemblance, ce type de missile et son conteneur Progress n'ont pas été déployés en Allemagne, pas plus qu'en URSS.
L'utilisation de tels conteneurs permettait de libérer l'espace interne du « Flogger » déjà très encombré
et d'augmenter ainsi la flexibilité dans l'emploi des armes. L'autodéfense du MiG-27 était confiée à des missiles à guidage IR de
courte portée R-60M (AA-8 « Aphid »).
Le MiG-27K représentait la version le plus aboutie et la plus efficace de la lignée MiG-27.
Cependant, le complexe initial Kaïra s'était avéré peu satisfaisant.
Trop lourd, il faisait en outre preuve de peu de fiabilité. De plus, il était trop compliqué pour un pilote moyen. Le système
fut progressivement mis au point, tandis qu'un programme spécial d'entraînement était mis sur pied conjointement par le centre
d'entraînement au combat de Lipetsk et les unités de conversion opérationnelle. La production du MiG-27K est restée limitée aux
214 exemplaires produits entre 1976 et 1982 à Irkoutsk, les versions M et D moins coûteuses et plus simples à mettre en oeuvre, lui étant
préférées.
Un MiG-23UB du 19.GvAPIB décoré du blason de la Garde. © R.Simon.
A MiG-23UB of the 19.GvAPIB adorned with the Guards emblem. © R.Simon.
En juillet-août 1989, la réorganisation engendrée par le retrait politique - déjà évoqué -
des bombardiers Su-24 "Fencer" de la 105.ADIB offrait au MiG-27 son apogée dans les forces aériennes soviétiques en Allemagne.
Ce retrait devait engendrer le déplacement de pas moins de 5 régiments (!)
Les Su-24 "Fencer-B/-C" du 497.BAP de Grossenhain faisaient mutation à Lida en Biélorussie (où l'unité fut dissoute et
ses avions transférés à Chatalovo), cédant la place aux MiG-27D et M du 296.APIB en provenance d'Altenburg, tandis que les MiG-29 du 968.IAP venus
de Ross, également en Biélorussie, faisaient mouvement à leur tour vers Altenburg... Les Su-24M du 116.GvBAP (1)
de Brand partaient de leur côté pour Ross, prenant la place des MiG-29 du 968.IAP, alors que la trentaine de MiG-27K "Flogger-J2" du 911.APIB de
Lida s'envolaient pour Brand afin d'occuper les installations laissées vacantes par le départ du 116.GvBAP!
Le zénith du MiG-27 au sein de la 16.VA était atteint.
Seul et unique régiment sur MiG-27 de la 16.VA à faire partie de la Garde, le 19.GvAPIB de Lärz arborait, bien en vue, sur les entrées
d'air de ses appareils l'insigne de sa distinction.
Les MiG-27, MiG-23BN et autres MiG-23UB partageaient la même cellule de
base et auraient présenté par conséquent un aspect très similaire sur les photographies de reconnaissance ennemies par avion
ou par satellite. Aussi, quelques MiG-27 de Brand, Finsterwalde et Grossenhain portaient
derrière le cockpit une peinture en trompe l'oeuil évoquant la présence d'une surface vitrée. Cette astuce était susceptible
de les faire passer pour d'innocents MiG-23UB. Afin de donner encore davantage de crédit à ce subterfuge, une rumeur faisant
état du renvoi à Irkoutsk de cellules de MiG-27 pour conversion en biplaces d'entraînement, avait été diffusée.
Comme les unités de défense aérienne, tous les régiments de MiG-27 possédaient en effet une section d'entraînement et de servitude météorologique
équipée des incontournables biplaces MiG-23UB "Flogger-C" en général composée de six à huit machines.

Adieu des MiG-27 à la Saxe et au Brandebourg
Le colonel Sergeï Borisyouk, dernier commandant du 559.APIB monte à bord d'un MiG-23UB le
22 mars 1993. Son esprit est ailleurs... © H.Mambour.
The last 559.APIB commander, colonel Sergey Borisyuk climbs aboard a MiG-23UB on 22 March 1993. © H.Mambour.
Les premiers “Flogger-J” à quitter l’Allemagne furent les MiG-27K du 911.APIB de Brand qui, après regroupement à Finsterwalde
les 22 juin et 1er juillet 1992, s'envolaient le 6 juillet en direction de Lida en Bélarus - où ils étaient stationnés
trois ans plus tôt - et le régiment fut dissous. Ses appareils furent transférés à Baranovitchi, toujours en Bélarus
- où siégeait une « base pour la liquidation d’équipements aéronautiques » (BLAT) - afin d'y être détruits.
L’évacuation finale des MiG-27 d’Allemagne intervenait finalement les 22 et 23 mars 1993. En deux jours, une petite centaine de
ces appareils évacuaient les trois dernières bases qu’ils occupaient encore. Le 22 mars au matin, à 8 heures locales, dans
une lumière blafarde et sous les ordres du colonel Sergeï Borichouk s’envolaient par paire, de cinq en cinq minutes, les
trente-six appareils du 559.APIB de Finsterwalde. Ils étaient suivis à partir de 11 heures par leurs collègues du 296.APIB de
la base voisine de Grossenhain. Le lendemain, 23 mars, dans le rugissement de leurs turboréacteurs Katchatourov R-29B-300, les
trente MiG-27D et huit MiG-23UB du 19.GvAPIB de Lärz, sous le commandement du colonel Marat Koutouyev, partaient à leur tour
pour la C.E.I. via l’espace aérien polonais. Pour cette grande migration vers l’Est des régiments de MiG-27 russes d’Allemagne,
les Polonais avaient ouvert un couloir aérien allant de Francfort-sur-l’Oder (Allemagne) à Brest-Litovsk (Bélarus) et autorisé
l’utilisation de la base polonaise d’Inowroclaw comme plate-forme de diversion d’urgence.
L'Antonov An-26RT(R) b-n 06 avait manifestement été mobilisé pour l'occasion afin de servir de relais radio, voire de PC volant,
ce dernier ayant été redéployé à Finsterwalde la veille ou très tôt le matin, pour ensuite décoller en avant de la première
vague de MiG-27. La destination finale des appareils des régiments de Finsterwalde, de Grossenhain et de Lärz est connue.
Il s’agissait de la 4215.BRS (Baza Rezerva Samoletov, base de réserve pour avions) sitée à Tchebenki (Dimitriyevka)
près d’Orenbourg sur l’Oural où, après un trajet en trois étapes avec escales à Bobrouisk (Bélarus) et à Lipetsk (C.E.I.),
ces avions ont été stockés (voir > Après la bataille).
Au contraire de beaucoup d’autres unités d’appui tactique purement et simplement dissoutes lors de la mise à la retraite de leurs
appareils, trois des quatre régiments de MiG-27 de la 16.VA sont restés dans
l’ordre de bataille des forces aériennes de la Fédération de Russie. C’est ainsi que les régiments de Grossenhain et de
Finsterwalde furent tous deux affectés au district militaire russe du Nord-Caucase où, dotés de bombardiers Su-24M “Fencer-D”,
ils constituèrent (avec le 959.BAP de Iéisk) le fer de lance de la 10.BAD de la nouvelle 4.VA de Rostov-sur-le-Don. Après sa
conversion sur “Fencer” à Morozovsk, le 296.APIB, devenu entre-temps le 296.BAP, est parti s’établir à Marinovka à l’ouest de
Volgograd tandis que le 559.APIB, sous la dénomination de 559.BAP, est tout simplement resté sur cette base de Russie méridionale.
Le 296.BAP a finalement été dissous en 1998, tandis que le 559.BAP est désormais affecté à la 4è Armée des VVS et PVO.
De son côté, le 19.GvAPIB de Lärz, transformé en 19.GvIAP, a rejoint la base de Millerovo proche de la frontière ukrainienne
où il dépend également de la 4.A VVSiPVO en tant que régiment de chasse sur MiG-29 “Fulcrum”. Une conversion sans surprise pour le
19.GvAPIB puisque déjà débutée en 1993 en Allemagne par l’envoi d’une partie de ses pilotes à Wittstock et Damgarten pour s’y
familiariser sur simulateur avec leur futur appareil.
Lärz, 23 March 1993. © H.Mambour.
notes
(1)
Le 116.GvBAP était la seule des unités de la 16.VA à s'entraîner au ravitaillement en vol avec
les nacelles UPAZ selon la technique du "buddy-buddy".

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