L'apparition de nouveaux régiments d'hélicoptères de combat équipés de Mi-24A à partir 1973 puis ensuite de régiments supplémentaires
volant sur Mi-24D à partir de la fin des années 70 n'a pas manqué d'inquiéter l'OTAN. L'un de ces nouveaux régiments est arrivé à Nohra en
1979 et il a bien entendu suscité l'intérêt des Missions militaires de liaison occidentales. Un équipage français composé d'un officier,
et de deux sous-officiers de l'Armée de l'Air appartenant à la Mission Militaire Française de
Liaison (MMFL) de Potsdam, a été victime d'un "blocage"(1)près de ce terrain quelques
mois plus tard. En voici le récit, compilé grâce aux recherches effectuées par Christian Handwerck dans les archives de la Stasi ainsi que grâce
au témoignage de l'un des acteurs directs, l'adjudant (à l'époque) Jean-Yves Prat.
(1)
Le terme "blocage" était utilisé par les Français pour qualifier la neutralisation d'un véhicule de la MMFL par les Soviétiques.
De fait, leur véhicule se trouvait alors dans l'impossibilité de s'échapper, d'où le terme "blocage". (2)
Le 336ème Régiment autonome d'hélicoptères de combat (OBVP) a été formé le 13 octobre 1978 à Berdyansk, sur base d'éléments de feu le
163ème Régiment d'aviation d'entraînement (UAP) de la Haute école de navigation d'aviation militaire (VVAUCh). Le 336.OBVP fut transféré
à Nohra entre le 22 et le 30 mai 1979. En 1980, le terrain de Nohra abritait les unités suivantes :
- 336.OBVP (Mi-8 / Mi-24)
- 298.OVE BU (Mi-2 / Mi-8 / Mi-22)
- Autre escadron autonome d'hélicoptères ? (Mi-2 / Mi-8) (3)
Nous avions en mémoire la détention d'un équipage français durant plusieurs jours et des tentatives de récupération politique de la RDA
consécutives à la mort d'un sous-officier (réel ou fictif) de la NVA après un accident de la route avec un de nos véhicules. (4)
Les pancartes anti-missions étaient des panneaux libellés en Anglais, Français, Russe et Allemand qui précisaient que le passage des "Missions militaires
de liaison étrangères" était interdit. Elles étaient placées par les Soviétiques et surtout par les Allemands à des emplacements qui ne correspondaient
pas forcément aux zones interdites permanentes (ZIP) ou temporaires (ZIT). Ces pancartes n'étaient pas reconnues par les Missions alliées. Seules les ZIT et
les ZIP étaient reconnues comme interdites. Près de 10.000 de ces pancartes avaient été "plantées" en 1980 et leur nombre atteignait environ 30.000 lors de
la chute du Mur. Environ une centaine d'entre elles étaient détruites par les trois Missions alliées chaque année. (5)
L'akt était un procès verbal tentant de faire reconnaître à l'équipage incriminé une violation des droits dévolus aux missions. Il était pour les
équipages hors de question de signer un tel acte. La plupart du temps ces derniers étaient relâchés au bout de quelques heures.